patrimoine historique

La  source  Nègre

Par M. ARÈNE Casimir,
Ancien Avocat, Propriétaire aux terroirs de Solliès-Pont et Solliès-Ville, et ancien Président de la Commission des eaux de Solliès-Pont.
1872, Toulon, Imprimerie & Lithographie F. ROBERT, boulevard de Strasbourg, 56

Source Nègre, Solliès-Pont

Canal des Reynauds et des Aiguiers, canal de la Ferrage, canal du barrage de Seyrol et projet de réfection des conduites pour l'alimentation des fontaines de la ville de Solliès-Pont. Plan dressé par M. DYRION, ingénieur aux Ponts et Chaussées, arrondissement de Toulon, le 22 novembre 1878. (Échelle 1/2000e)

Source Nègre, détail 1

(Détail 1.)

Source Nègre, détail 2 800x607

(Détail 2.)

Source Nègre, détail 3

(Détail 3.)

 Nous vous proposons un point technique sur les objets présentés
lors de l’exposition « EAU 2015 »

POTERIES

Mode d’alimentation et distribution en eau potable dans la commune.

En 1846 recherche d’eau.
Pose d’une nouvelle conduite en 1850.
Projet d’alimentation en 1874.
Prolongement des galeries en 1876.
En 1879 réfection des conduites.
En 1882 nouvelles recherches d’eau (captation).
En 1891 réfection des anciennes conduites
et en 1892 réfection des nouvelles conduites.

La vieille source prend son origine sur les bords du Gapeau à 850 mètres environ de distance de l’agglomération. Située près de l’écluse des « Messieurs » sur le Gapeau, dont les eaux sont polluées, par les divers usages domestiques, agricoles ou industriels qu’en font les riverains et fait craindre que la « Vieille Source » ne soit contaminée par les infiltrations.
La canalisation du Vallon de Vallauris à Solliès-Toucas, remonte en 1849 et à son origine dans le lit même du vallon de Vallauris à 1900 mètres de distance de la ville. La qualité de ces eaux est inférieure à celle des eaux de la « Vieille Source ».
Le débit actuel des deux sources est de 600 m3 par jour. Pendant les périodes sèches, le débit de la source du Vallon de Vallauris est presque nul. Pour que l’agglomération soit desservie d’une façon normale il faudrait un débit de 780 m3 par jour (260 litres/jour X 3000 habitants).
La canalisation dite de la « Vieille Source » est formée de tuyaux en poterie ou en fonte, suivant que la conduite est placée en galerie ou en tranchée.
La canalisation d’une galerie de captage dite le « Vallon de Vallauris » est faite en maçonnerie à pierres sèches et d’une conduite d’amenée en tuyau de poterie. Postérieurement à l’exécution première on a substitué sur une certaine partie de son parcours la fonte à la poterie.
La dépense effectuée jusqu'à ce jour s’élève à la somme de 119 597 francs. Mais aucune analyse de l’eau n’a été faite.

AD 83, Solliès-Pont, février 1903.

Source Nègre, poterie, figure 1a

(Fig. : 1a.)

Source Nègre, poterie, figure 1b

(Fig. : 1b.)

Source Nègre, poterie, figure 1c

(Fig. : 1c.)

Source Nègre, poterie

(Fig. : 2.)

Notes :

1a) Céramique vernissée ; longueur d’un élément : 0,70 m et Ø extérieur : 0,33 m fabriquée par Berger Cadet et Fils, à Bollène (Vaucluse), ca 1900 et utilisée dans la galerie de la Vieille source.
1b) Élément et son manchon.
1c) Céramique vernissée ; Élément comportant la signature du tuilier  (250 = Ø intérieur 0,25 m).
2) Un drain à manchon confectionné en filière, longueur de 0,39 m et 6,5 à 8,5 cm de diamètre, origine : Languedoc XIXe siècle (argile assez rosée) découvert au quartier de Sainte-Maïsse, Solliès-Pont. 

 
 

 

Observations préliminaires

Des raisons de santé m'ayant obligé en 1833 d'abandonner momentanément le barreau, j'acceptai les paisibles fonctions de juge de paix à Solliès-Pont mon pays natal, que je quittai en 1838 pour revenir à Toulon.
Pendant ces cinq années, je prenais vraiment plaisir à admirer le terroir de Solliès-Pont et de Solliès-Ville, mais surtout la riante vallée de Gapeau, dont j'étudiais le cours jusqu'à Belgentier. Toutes mes pensées en arrivaient à payer un respectueux tribut d'hommages à la profonde sagesse avec laquelle nos pères avaient su si bien utiliser ce modeste cours d'eau, au moyen de nombreuses écluses, faisant marcher de nombreuses usines, papeteries, moulins à blé, moulins à huile, moulins à plâtre, scieries, blanchisserie, et ce, en rendant toujours les eaux, soit à la rivière, soit à l'arrosage des terres. On a vanté bien souvent les systèmes d'irrigation pratiqués en Espagne, mais il est impossible, me disais-je, que l'on ait pu dans ce pays exploiter avec plus d'intelligence et d'utilité un modeste cours d'eau pareil au nôtre.
Ces études m'ont permis de rendre quelque service pour la conservation de cet ingénieux régime et cette habile répartition des eaux de Gapeau, en rédigeant rapidement, de mémoire, et en quelques heures, les observations et mémoire à M. le Préfet du Var, contre le quartier de Guiran, imprimé à Toulon en 1858 (E. Aurel, imp. lith.).
Une entreprise bien plus dangereuse menace aujourd'hui de bien plus grands bouleversements, cette sage répartition des eaux que j'ai toujours considéré comme un chef-d'œuvre de la sagesse et de la constance de nos pères : malgré l'âge avancé, je vais encore essayer de la défendre une dernière fois avec l'espérance que cette fois encore, pas plus qu'en 1858, le gouvernement ne permettra d'y porter la moindre atteinte, car ce serait une véritable profanation.

Casimir ARÈNE,
ancien avocat.

Mémoire, Arène Casimir 622 x 794.

M É M O I R E

pour

Les trois communes de Solliès-Pont, Solliès-Ville et la Farlède

contre

 Le sieur Brun, entrepreneur et la commune d'Hyères

 

Les intérêts agricoles et industriels et par suite la paix publique sont gravement menacés dans les trois communes de Solliès-Pont, Solliès-Ville et Solliès-Farlède, et même dans la commune d'Hyères.
Il s'agit de prévenir une immense perturbation ; à cet effet, il suffira, nous l'espérons, d'éclairer et de prémunir l'autorité supérieure contre des manoeuvres et des entreprises inqualifiables, d'autant plus dangereuses, que le succès, impossible pourtant selon nous, en amènerait à coup sûr la reproduction en bien d'autres lieux ; manœuvres et entreprises à la faveur desquelles le sieur Brun, de concert avec le sieur Nègre et appuyé cette fois sur la municipalité d'Hyères, voudraient nous enlever des eaux qui depuis des siècles contribuent à l'arrosage déjà si insuffisant de nos 411 hectares de terres arrosables, et à la marche de nos belles et nombreuses usines ; et en outre à l'arrosage de deux à trois cents hectares dans les terroirs de La Crau et de la commune d'Hyères.
Les eaux sont, en effet, de nos jours, un objet de convoitise universelle. Les possesseurs sont trop souvent menacés dans leur possession par la spéculation; le gouvernement, loin de faciliter ces déplacements et ces bouleversements, ne saurait procéder avec trop de réserve et de circonspection, lors, surtout que, comme dans l'espèce, les eaux convoitées reçoivent une destination d'utilité si générale, qu'il est radicalement impossible de les mieux utiliser.

Faits

 Le 12 fevrier 1839 une ordonnance royale autorisa M. Teissier à établir sur le cours de Gapeau près de Solliès-Toucas un pont et un barrage ou écluse pour, au moyen des eaux dérivées, mettre en jeu un moulin à blé, à charge de rendre les eaux à la rivière à 287 mètres 20 centimètres de distance du barrage. Pour apprécier le résultat de ces travaux sur le cours naturel des eaux de la rivière, il est nécessaire d'exposer brièvement quelques observations.

En remontant de l'usine Nègre, vers Belgentier, la vallée va toujours se resserrant, le Gapeau est à peu près un torrent à pente et avec des sinuosités très prononcées, aussi, sur un parcours d'environ 5 kilomètres, peut-on compter 8 barrages ou écluses plus ou moins élevés. Il faut remarquer que le cours des eaux attaque de préférence la rive gauche, où pour maintenir certains ouvrages et notamment la route départementale, il a fallu des murs de soutènement et de défense assez élevés ; les anciens lits comme les graviers et les terres d'alluvion se trouvent donc sur la rive droite où l'on voit aussi des masses de tufs poreux et crevassés, se laissant comme les graviers eux-mêmes facilement traverser par les eaux.
N'est-il pas certain que les sept barrages supérieurs à celui de M. Nègre, et celui-là aussi, ont dû nécessairement altérer profondément le débit des eaux de la rivière, que ces eaux ainsi violentées par les écluses et les nombreuses sinuosités ont dû au moins à chaque barrage s'extravaser en partie, traverser les masses de tuf, les graviers et les terrains d'alluvion déposés au fond de son ancien lit et sur les bords de son lit actuel, suivre souterrainement la pente de la vallée et revenir inférieurement au lit de la rivière, d'où ces nombreux barrages supérieurs les avaient extravasées.
On n'a pas oublié dans la contrée, qu'avant le barrage Nègre, peu en dessus, comme en dessous de son fond et sur plusieurs points, de nombreuses infiltrations revenaient à la rivière, et contribuaient puissamment à alimenter la première écluse (de la ferrage) et aussi la grande écluse dite de Messieurs.
Depuis la construction du barrage Nègre ces infiltrations ont disparu, mais les eaux revenaient à la rivière par le canal de fuite du nouveau moulin.
L'état des choses va complètement changer, M. Teissier fait construire son écluse et son pont et comme les crues avaient emporté son premier pont et sa première écluse, il dut, en les reconstruisant, creuser d'autant plus profondément leurs fondations, ainsi que celles de leurs épaulements que, par mesure de précaution, il dut prolonger très avant à travers les terres sur les deux rives.
Là ne se bornèrent pas les travaux, M. Teissier fit creuser transversalement à la vallée une profonde tranchée sur une longueur d'environ 80 à 90 mètres et dût nécessairement relier aux épaulements de son écluse les profondes fondations des murs de soutènement de cette tranchée.
Est-il besoin de se demander en l'état de tous ces travaux ce que pouvaient devenir les eaux provenant des extravasions produites par les 7 à 8 écluses supérieures existant comme nous l'avons dit sur un parcours d'environ cinq kilomètres, et ce que pouvaient devenir toutes les diverses infiltrations à travers les graviers, les tufs crevassés, etc. Toutes ces eaux furent arrêtées par le barrage, par les épaulements et par la longue et profonde tranchée transversale. Le cours des eaux souterraines de la rivière fut intercepté ; les eaux s'accumulèrent en amont de ces travaux et finirent enfin par se créer une nouvelle issue pour reprendre leur ancien cours et revenir à la rivière, non plus comme autrefois sur divers points, mais par le canal de fuite du moulin(1).
C'est ainsi que fut créée la prétendue source Nègre. Nous trouverons ci-après dans certaines clauses de l'acte du 2 mai 1870, par lequel le sieur Nègre a vendu sa prétendue source au sieur Brun, clauses dont nous transcrirons les termes littéraux, la confirmation de cette induction; pour réduire à zéro la prétendue source, il suffirait de pratiquer au dessus une tranchée pareille, toujours transversalement à la vallée, et à une profondeur suffisante il y a certitude, que l'on couperait et que l'on arrêterait toutes les eaux, et c'est ce que les trois communes intéressées ne manqueront pas de faire si, chose toutefois improbable, on leur en fait une nécessité, les propriétaires des jardins et des terres arrosables de La Crau et d'Hyères, joindraient sans doute leurs efforts aux nôtres pour réaliser ce résultat, et dans ce cas quel profit retirerait la ville d'Hyères de son aventureuse et énorme dépense ?
Poursuivons : M. Teissier, ruiné par la création de son usine, fut exproprié par M. Gautier, son créancier, qui s'en rendit adjudicataire et offrit peu à près de vendre à la commune de Solliés-Pont, au prix de trois mille francs, les eaux de cette prétendue source ; la municipalité, convaincue que ces eaux n'appartenaient pas à l'usine, mais à la rivière, et que M. Gautier n'en avait que l'usage déterminé par l'ordonnance royale précitée, refusa de les acheter. M. Gautier continua donc de rendre par le canal de fuite toutes les eaux à la rivière.
Quelque temps après M. Gautier revend l'usine à M. Nègre père, les choses restent en l'état ; devenu minotier après la mort de son père, M. Nègre, ne se contente pas du moulin acquis à bonnes conditions (M. Aubert de la Castille, nous a assuré, avoir refusé d'acheter de M. Gautier au prix de onze mille francs,) M. Nègre, disons-nous, exalte sa prétendue source, bat et fait battre la grosse caisse partout à l'effet d'en vendre les eaux : Toulon d'abord, renseigné sur la nature et la provenance de ces eaux reconnues de même nature que celles de Gapeau, refuse de les acheter. Le chemin de fer, après bien des tâtonnements, les refuse aussi ; enfin la commune de Solliès-Pont, dans l'intérêt de la paix publique, pour prévenir des conflits et des. procès dispendieux, se décide à mettre un terme à toutes ces agitations, car l'opinion vivement émue dans nos campagnes par suite des années de sécheresse que nous venions de traverser, et de l'extrême pénurie d'eau qui en était résulte, redoublait d'inquiétude, en apprenant de temps à autre que M. Nègre cherchait à vendre les eaux soit au chemin de fer, soit au sieur Brun et Maurel de la ville d'Hyères ; A l'effet donc de calmer, de rassurer toutes ces vives et profondes émotions, comme aussi pour prévenir des complications, des conflits, dispendieux devant l'autorité administrative et judiciaire, la commune de Solliès–Pont achète de M. Nègre toutes les eaux qui peuvent traverser ou naître sur son fond au prix de vingt mille francs. Le conseil municipal et les plus forts imposés sont convoqués pour délibérer sur un emprunt au crédit foncier de trente mille francs, dont vingt mille pour l'achat Nègre et dix mille pour couvrir un arriéré de pareille somme.
Dans une première réunion, les plus forts imposés trouvèrent l'emprunt de 30 mille francs exagéré, toutefois la délibération fut renvoyée à quinzaine on voulut sans doute pressentir l'opinion publique, qui plus émue et plus inquiète que jamais, manifesta le désir d'en finir une fois pour toutes, et de s'assurer des eaux d'une manière absolue et définitive ; l'emprunt de vingt mille francs seulement et l'achat des eaux, quelle que fut leur provenance, furent donc autorisés dans une seconde délibération.
Ici nous devons répondre à deux objections qui nous ont déjà été faites ; la première n'est pas fameuse : ces eaux litigieuses ne vous sont pas si nécessaires puisqu'on vous les a offertes et que vous les avez refusées, nous répondons : elles nous sont si nécessaires, si indispensables que nous les avons achetées et que nous les aurions payées, bien que nous soyons tous convaincus que ces eaux, loin d'être la propriété de M. Nègre, sont une dépendance de la rivière et comme telles, appartiennent aux usagers des trois communes ; et que la réunion des plus fort imposés n'avait fait, en achetant, qu'assurer la paix publique, prévenir des complications et consentir dans cette pensée un sacrifice accepté de la population.
Voici la seconde objection : elle détruit pour ainsi dire la première, puisque vous avez acheté les eaux, vous avez reconnu les droits et la propriété de M. Nègre sur ces eaux.
Les raisons qui ont déterminé ce marché sont brièvement exposées ci-dessus ; assurer avant tout l'arrosage quoique insuffisant de nos 411 hectares et des jardins de Solliès-Pont et rassurer les 630 propriétaires qui les possèdent, assurer aussi l'alimentation de nos fontaines, qui pendant les trois mois d'été, juillet, août et septembre, ne peuvent se passer des eaux souterraines bouleversées encore par les nouvelles fouilles de M. Négre ; sauvegarder la salubrité publique pour la population de Solliès-Pont si rudement éprouvée par le choléra de 1865. C'étaient là de puissantes considérations qui naturellement conseillaient l'espèce de transaction intervenue entre M. Nègre et la commune de Solliès-Pont, l'intérêt de la salubrité publique à lui seul aurait commandé le sacrifice. Gapeau, en effet, traverse la commune du nord au sud, son lit au nord et au sud est contenu par deux écluses, la nappe d'eau presque stagnante formée par la seconde écluse est bien au centre de l'habitation et reçoit les résidus des importantes tanneries Gence et Boyer, si on enlève les eaux de la rivière, il y aura donc au centre du pays un foyer d'infection. Il fallait donc, de manière ou d'autre, prévenir une si dangereuse éventualité, et moyennant le sacrifice de vingt mille francs tous ces grands intérêts étaient sauvegardés
Mais qu'arrive-t-il ? Dans l'intervalle des deux délibérations : Le sieur Brun arrive-t-il de Wuissons, son domicile (Seine-et-Loire), sur les brisées de la commune ? Non ! il envoie sa procuration au sieur Roux. M. Nègre est circonvenu et se résigne à vendre au sieur Roux, mandataire du sieur Brun, ces mêmes eaux qu'il a déjà vendues, par acte sous-seing privé à la commune de Solliès-Pont, et cela sans sommation ni mise en demeure, sans la moindre formalité, sans même prévenir le maire avec lequel M. Nègre a traité.
M. Nègre devait pourtant s'estimer très heureux d'obtenir vingt mille francs dans de telles conditions, mais les deux spéculateurs Roux et Brun lui ont offert dix mille francs de plus. L'acte passé, ils se hâtent de faire enregistrer et transcrire de manière que notre acte privé ne peut aujourd'hui leur être opposé.
M. Nègre était si peu assuré de ses droits sur les eaux qu'il vendait deux fois à deux acquéreurs différents, qu'il exige expressément dans le second acte que les sieurs Brun et Roux soient chargés à leurs périls et risques de tous les procès et sans doute des dommages-intérêts auxquels à tout événement M. Nègre ne pourrait échapper. Mais M. Nègre peut-il dormir tranquille et faire grand fond sur cette garantie et la solvabilité de l'acquéreur ? Nous examinerons bientôt l'acte du 2 mai 1870 constatant cette vente : M. Nègre ne viole-t-il pas la condition essentielle imposée à sa concession de rendre les eaux à la rivière ? Cette concession ne doit-elle pas être révoquée par le pouvoir souverain qui l'a octroyée ? Nous faisons toutes réserves expresses de nous pourvoir à cet effet devant l'autorité compétente.
Le spéculateur et consorts se mettent immédiatement à l'œuvre, ils tentent de former une compagnie pour l'exploitation de l'entreprise, publient des prospectus imprimés et le tarif de leurs concessions futures aux particuliers, font publier le tout à son de trompe dans plusieurs communes, ils parviennent à trouver quelques rares abonnés, voilà tout.
Mais comme les administrations précédentes de la ville d'Hyères, qui ne le cédaient en rien en intelligence et en dévouement à l'administration actuelle, avaient toujours repoussé l'extravagant et ruineux projet de conduire à Hyères ces eaux qui y arrivent déjà par le canal, comme nous le prouverons jusqu'à l'évidence, projet considéré par la partie saine et intelligente, nous pourrions dire par la majorité de la population, comme inutile, aventureux, ruineux, sans résultat profitable, les spéculateurs reportèrent leurs espérances vers des temps meilleurs. Un peu de chantage n'en continua pas moins, et quelques articles sur Hyères , résidence d'hiver , tentèrent de faire mousser un peu l'affaire.
Ces temps leur paraissant venus, ils ont remis l'affaire sur le chantier, appuyés cette fois sur la majorité de deux voix dans le conseil municipal (présents 18 conseillers : 10 voix pour, 8 voix contre). Ils vont solliciter un décret d'utilité publique, et l'autorisation d'exécuter les travaux nécessaires par voie d'expropriation aux termes de l'article 2 de la loi du 3 mai 1841. Examinons ce projet :
Nous sommes ici obligés de faire une rapide incursion dans les affaires de la ville d'Hyères, mais seulement, bien entendu, dans le but d'éclairer le gouvernement protecteur né des grands intérêts généraux, et ce, concurremment avec de nombreux et très intelligents notables de cette ville.
Le sieur Brun, acquéreur de la prétendue source, est domicilié à Wuissons (Seine-et-Oise), c'est de Paris qu'il envoie sa procuration notariée au sieur Roux pour traiter avec le sieur Nègre, l'acte du 2 mai 1870, dans lequel Roux agit comme mandataire de Brun, porte que le prix total de 30 mille francs sera payé au plus tard dans les trois mois, à dater du 2 mai 1870, et nous trouvons dans l'acte du 22 août 1870, que le sieur Roux n'a payé que cinq mille francs. Le prix a-t-il été soldé ? nous l'ignorons, mais le fait mérite un sérieux examen. Les 25 mille francs restant seront-ils payés des deniers de la commune ?
La commission, du conseil municipal, chargée d'étudier l'affaire, a dû préalablement demander communication de l'acte de vente de la prétendue source ; elle y aura sans doute lu cette clause extraordinaire, insolite de la part d'un vendeur qui, en règle générale, doit toujours garantir l'objet qu'il vend, lors surtout qu'il vend à une commune.
« La vente faite par M. Nègre, est-il dit dans l'acte de vente du 2 mai 1870, est consentie sans garantie de sa part autre que celle des droits qu'il a sur la source en vertu des titres de propriété sus-énoncés, droits qu'ils transmet simplement à l'acquéreur sans garantie du débit actuel et futur de ladite source, M. Nègre n'entendant être recherché en rien par suite n'importe quel prétexte et par qui que ce soit, M Roux obligeant son mandant à relever et garantir M. Nègre de tout recours, frais et déboursés. »
Et plus bas : « M. Nègre s'interdit en outre de démolir son écluse ».
Que signifient ces deux clauses ? Le bout de l'oreille ne perce-t-il pas ici ? Ne pourrait-on pas dire que c'est la nimia precautio du jurisconsulte romain ? Elles prouvent évidemment que l'un ne veut pas garantir les eaux qu'il a vendues, et qui ne sont- autres que les eaux de Gapeau que l'on pourra facilement couper et ramener à la rivière, et que celui qui les a achetées défend qu'on démolisse l'écluse Nègre qui contribue à emprisonner les eaux latérales de la rivière et à en créer une prétendue source, voilà les deux innocents créateurs de cette prétendue source, ces deux clauses nous serviront puissamment à obtenir la démolition de l'écluse Nègre.
M. Brun, domicilié à Wuissons (Seine-et-Oise), n'est pas à coup sûr un riche capitaliste ; au terme convenu, expiré, il n'a pu payer qu'un acompte de cinq mille francs ; voudrait-il embrouiller sa spéculation dans une société anonyme et mettre en circulation de nombreuses actions pour le mieux de ses intérêts et pour mieux bouleverser la contrée ? Nous serions tentés de le croire, car une voix dans le conseil municipal a recommandé de ne pas effrayer les capitalistes et le sieur Brun n'est sans doute pas à Paris seulement pour faire une procuration notariée au sieur Roux.
Nous verrions alors se renouveler l'affaire du Bagas et M. Brun, ni la ville d'Hyères n'ignorent que malgré tout, le décret d'utilité publique n'est pas si facile à obtenir quand i1 s'agit seulement de déplacer des eaux parfaitement utilisées.
Et c'est pour des eaux si incertaines, auxquelles vendeur et acquéreur n'ont pas même confiance, que la ville d'Hyères s'imposerait les sacrifices énormes dont nous allons parler.
Nous savons d'abord qu'il a été question de douze mille francs à titre d'encouragement, de 45 mille francs pour prix de la source et frais d'acte, d'une subvention annuelle de 60 mille francs pendant cinquante ans, moyennant quoi, Brun s'obligerait à conduire à Solliès-Farlède toutes les eaux Nègre, soit environ 12 mille mètres cubes d'eau par 24 heures, dont Brun en réserve pour lui 8 mille mètres à la Farlède, parce qu'il s'appelle Brun, et 4 mille qu'il devra rendre à Hyères à la place Saint-Paul, dont encore 500 mètres pour les besoins municipaux et 3,700 pour être vendus aux arrosants de concert avec la commune.

Si les finances de la ville d'Hyères étaient dans un état florissant, on concevrait à peine qu'en l'état des deux clauses de la vente précitée et de l'incertitude sur la nature et la propriété des eaux, elle put s'aventurer, coopérer et prêter la main à une entreprise pareille, car M. Nègre sait très bien, et tous les ingénieurs qui ont visité les points d'émergence des eaux ont constaté qu'elles peuvent être coupées, et elles le seraient même avant la fin des travaux, quelle serait dans ce cas la garantie offerte parle sieur Brun pour assurer la fidèle exécution de ses obligations ?
Nulle part nous n'avons entendu parler du moindre cautionnement de sa part, en numéraire ou en hypothèques sur des immeubles sûrs et solvables.
L'eau venant à manquer, les trois quarts de la dépense réalisée seraient une perte sèche pour la ville d'Hyères.
Même dans le cas où l'entreprise s'annoncerait sous des auspices plus favorables, conviendrait-il à cette ville, vu ses embarras financiers, de s'y aventurer ?
L'énorme subvention annuelle de 60 mille francs pendant 50 ans resterait à peu près toute entière à sa charge, car elle ne peut guère compter sur le débit aux particuliers d'eau, qu'ils trouveront nécessairement trop chères, on a beau calculer, ce sera toujours de 2 à 3 millions qui sortiront partiellement et annuellement, il est vrai, de la bourse des habitants, ne faudra-t-il pas ensuite canaliser et créer les conduites pour les fontaines projetées,

Source Nègre, souterrain

 La canalisation d’une galerie de captage dite le « Vallon de Vallauris » est faite en maçonnerie à pierres sèches et d’une conduite d’amenée en tuyau de poterie. Postérieurement à l’exécution première on a substitué sur une certaine partie de son parcours la fonte à la poterie. (AD 83, Solliès-Pont, février 1903.)

construire, édifier ces fontaines et toutes ces énormes dépenses, lorsque la ville a déjà un passif de 533 mille francs, que son dernier budget se solde par un déficit de 29 mille francs, que les habitants payent déjà 42 centimes additionnels, et sont tellement accablés, écrasés de taxes et de surtaxes d'octroi que diverses agglomérations ne négligeront rien pour se séparer de la commune et faire cause à part, et elles auront parfaitement raison.

Lorsqu'en outre enfin, pour la translation urgente, inévitable de son cimetière, et les avenues et autres travaux accessoires aux gares des chemins de fer que la loi met à la charge des communes, cette même ville aura à faire encore et sous peu des dépenses très considérables.construire, édifier ces fontaines et toutes ces énormes dépenses, lorsque la ville a déjà un passif de 533 mille francs, que son dernier budget se solde par un déficit de 29 mille francs, que les habitants payent déjà 42 centimes additionnels, et sont tellement accablés, écrasés de taxes et de surtaxes d'octroi que diverses agglomérations ne négligeront rien pour se séparer de la commune et faire cause à part, et elles auront parfaitement raison.

Vraiment, l'imagination la plus intrépide recule forcément devant une telle entreprise, lorsque, au point de vue seulement des intérêts de la ville d'Hyères, il est certain :
1 — Qu'elle annihilerait l'arrosage des terres de La Crau, des beaux jardins et des terres arrosables de la ville d'Hyères.
2 — Qu'elle annihilerait aussi, du moins pendant l'été, la force motrice des beaux moulins à blé de cette ville qui en a racheté si sagement, mais si chèrement la banalité.
3 — Lorsqu'enfin Nègre vendeur n'a pas voulu garantir le débit de la source et pour cause, et qu'au dire de tous les ingénieurs qui ont visité les lieux, la prétendue source peut être coupée au moyen d'une simple tranchée en amont du fond Nègre, sur les terres que la commission générale des eaux de Solliés-Pont et de Solliès-Ville a achetées depuis près de 15 ans.
(1) Marseille, renonçant aux flots troubles et terreux de la Durance, a le projet de réunir les eaux épurées des infiltrations latérales de cette rivière pour les amener à Marseille au lieu et place des eaux actuelles, et il s'agit ici de quatre mètres cubes d'eau par seconde…
Source Nègre, Tuyau en fonte

Dans une note de 1903 aux AD 83 il est écrit : La canalisation dite de la « Vieille Source » est formée de tuyaux en poterie ou en fonte, suivant que la conduite est placée en galerie ou en tranchée. (AD 83, Solliès-Pont, février 1903.)

Fontaines de la ville d'Hyères

 Examinons un instant les ressources en eaux potables que possède actuellement la ville d'Hyères, eaux qui ont suffi jusqu'ici aux besoins de la population, et demandons-nous si dans tous les cas, un simple appoint ou supplément aux eaux actuelles, que l'on pourrait se procurer à fort peu de frais, ne suffirait pas et largement aux besoins réels de la population.

Hyères possède actuellement 5 fontaines alimentées par la mère source dite l’Ermitage :
1 — celle des Palmiers ;
2 — du Portalet ;
3 — de la Gavotte ;
4 — de la place de la Rade et
5 — du Bon Puits.
N'oublions pas le trou de Peyron si rapprochée de la ville, source qui débite l'hiver un volume de 5 à 6 centimètres de diamètres et l'été de 3 à 4 centimètres.
Il y a en outre le Bon Puits qui, de mémoire d'homme, n'a jamais manqué d'eau, le puits qui se trouve dans l'avenue du repos au-dessus du cimetière et qui pendant l'été est très utile à ce quartier.
Dans la vallée derrière le château, la source appelée l’Umine fournit l'eau aux habitants de la haute-ville pendant les années de grande sécheresse, ou si, pour cause de réparation, la roue élévatoire ne fonctionne pas.
Enfin, en eau non potable, mais très utile à tous autres besoins domestiques, le canal en fournit surabondamment, et s'il était bien entretenu, si surtout on faisait à l'écluse établie au confluent du Petit Réal et de Gapeau les réparations dont elle a un besoin urgent, on pourrait sans inconvénient en dévier un fort volume au dessus de l'usine à Gaz, l'amener à la roue élévatoire, la rendre aisément potable au moyen d'un filtre peu compliqué, ces eaux n'étant que des eaux déjà filtrées à travers nos terres arrosables, et faire couler ainsi de nombreuses fontaines.
Telles sont d'après des renseignements que nous devons croire exacts les ressources actuelles de la ville d'Hyères.
Admettons cependant qu'elles sont insuffisantes, bien que la population s'en soit contentée jusqu'ici : faut-il pour combler cette insuffisance, amener à Hyères par monts et par vaux une rivière toute entière ? Un simple appoint ou supplément en eaux potables que l'on peut rendre très abondant, et comparativement à très peu de frais, ne suffirait-il pas largement aux vrais besoins de la population ? et ce, sans déplacer des eaux qui reçoivent même à Hyères une destination d'utilité bien plus générale, mais en y employant des eaux qui ne servent à rien.
Qu'il nous soit permis à cet égard, toujours dans l'unique but d'éclairer le gouvernement de donner quelques indications.
La montagne de Coudon est très riche en eaux ; il a suffi à la commune de la Garde, de creuser une modeste tranchée un peu au dessus du fond Morizot pour amener dans cette commune l'eau qui alimente une fontaine à 4 tuyaux et qui pourrait en fournir à six tuyaux.
Sur un autre point peu éloigné du premier, M. Sanson, par ce moyen, a créé une assez belle fontaine au château de son épouse.
Des fouilles autrement importantes et mieux dirigées par des « hommes de l'art » fourniraient des eaux plus que suffisantes à ces nouvelles fontaines ; n'en voit-on pas de nombreuses aux campagnes qui longent précisément la route d'Hyères à Toulon, à Château-Redon appartenant à M. Madon avocat, au château des hoirs Morizot, et à d'autres campagnes inférieures, n'y a-t-il pas des eaux jallissantes, à un niveau bien suffisamment élevé et sans que la main de l'homme y ait trop contribué.
Dans la plaine au dessus comme au dessous de Solliès-Farlède, n'y a-t-il pas une nappe d'eau considérable ? La Fontone, dont le nom indique la présence de l'eau, est encore sur les bords de la route départementale de La Farlède à Hyères. Les fontaines de Jérusalem, la Font des Fabres, ne prouvent-elles pas la présence de l'eau partout dans cette plaine dont l'inclinaison assez prononcée se dirige précisément vers Hyères ; n'est-on pas sûr de trouver sur ces divers points l'eau à une altitude suffisante pour alimenter les nouvelles fontaines projetées.
Signalons aussi la belle source de M. Thomas au terroir de La Garde qui arrose actuellement 4 à 5 hectares, et qui ne coûterait certainement pas trop cher.
Enfin sur des points plus rapprochés, au quartier du Gré, propriété Riondet, se trouve l'ancien lit de Gapeau très riche en eau, et la source Trou de Peyron dont nous avons déjà parlé, on pourrait facilement, au moyen d'une roue élévatoire, créer et alimenter de nouvelles fontaines qui ne coûteraient pas le quart de l'entreprise Brun.
Devons-nous signaler aussi les sources de Flayosc qui suffisent à faire marcher sur un point inférieur un moulin à blé :
Là il y aurait surabondance d'eau, mais l'inconvénient d'altérer le débit du canal actuel de la ville d'Hyères, mais comme d'ailleurs le projet présente à un degré bien plus élevé ce même inconvénient, bien mieux vaudrait encore conduire à Hyères les eaux de Flayosc, on économiserait au moins la moitié du parcours et plus de la moitié de la dépense, les propriétaires pour conserver leur arrosage, loin d'être récalcitrans se montreraient bons princes et très conciliants.
La ville d'Hyères peut donc se procurer facilement l'appoint ou supplément en eaux potables largement suffisantes aux besoins de sa population, sans aller quérir ces eaux si incertaines à 15 kilomètres, avec des frais énormes et sans bouleverser la vallée de Gapeau depuis Solliès-Toucas jusqu'à l'extrémité méridionale des terres arrosables de la commune d'Hyères.
Jetons un rapide coup d'oeil sur le côté dommageable de la spéculation Brun, et du projet des fontaines d'Hyènes.
Voici la série des dommages et des résultats désastreux que l'entreprise entraînerait inévitablement :
1 — Les fontaines publiques de Solliès-Pont, en possession d'une partie des eaux convoitées n'en débiteraient plus pendant l'été la quantité nécessaire aux besoins de la population ;
2 — Le lit de Gapeau serait à peu près mis à sec sur une assez vaste étendue et notamment sur la partie qui est au centre de la ville de Solliès-Pont que la rivière traverse du nord au sud ; le peu d'eau qui resterait, contenue au nord par l'écluse Ventre, au sud par l'écluse Sochet, entre lesquelles sont rejetés les résidus des importantes tanneries Gence et Boyer, formerait au centre même de la ville un véritable foyer pestilentiel, dangereux au premier chef pour la santé d'une population d'environ trois mille habitants : malheur à cette population si ce projet venait à se réaliser même partiellement. — Le choléra foudroyant de 1865 n'est-il pas encore présent à la mémoire de tous ? En 48 heures, 58 personnes foudroyées, mortalité d'une année, en huit jours mortalité de deux années ; le second jour, arrivée du Sous-Préfet annonçant l'envoi de trois médecins de première classe de la marine ; le troisième jour, arrivée de dix forçats pour l'enterrement des cadavres entassés au cimetière : notons que, dès le second jour, il ne restait pas à Solliés plus de 200 habitants ; tout le reste, 19 conseillers sur 21 avaient fui épouvantés(2).
Veut-on connaître les causes qui ont rendu ce choléra si exceptionnellement meurtrier ? Le rapport de la commission médicale présidée par le Sous-Préfet, celui rédigé par les trois médecins de première classe de la marine s'accordent à affirmer que ces causes sont : la rivière, le peu d'eau qui s'y trouve pendant l'été, et à cette époque néfaste le cours de Gapeau n'avait pas subi la moindre altération ! Quels désastres l'habitation n'aurait-elle pas à redouter si la spéculation Brun et les projets de la ville d'Hyères venaient à se réaliser ? Poursuivons :
3 — Les eaux convoitées contribuent puissamment au fonctionnement de douze belles usines, dont la force motrice serait à peu près annihilée pendant les basses eaux, et nos six beaux moulins à blé, ont pourtant rendu et peuvent rendre encore de grands services pour les approvisionnements de farine aux armées de terre et de mer, comme lors des guerres de Crimée et d'Italie ; tout comme les six moulins à huile sont indispensables aux besoins agricoles de la contrée ;
4 — Les eaux convoitées contribuent en outre dans des territoires extrêmement morcelés, et ce depuis des siècles, à l'arrosage de nos 411 hectares de prairies, des jardins de Solliès, et notons même qu'en l'état, toutes ces terres arrosables souffrent énormément pendant les basses eaux ; consultez leurs 630  propriétaires, ils vous diront tous, que la moindre réduction de leurs eaux serait ruineuse pour eux ;
5 — Enfin, ces eaux convoitées vont mettre en jeu les beaux moulins à farine de la ville d'Hyères, et contribuent aussi à l'arrosage d'environ deux à 300 hectares aux terroirs de la Crau et d'Hyères et notamment à l'arrosage des beaux jardins de cette ville. Le projet Brun, s'il était réalisé, mettrait à peu près à sec pendant l'été le grand canal actuel, comme nous le prouverons séparément ci-après.
À côté de cette série abrégée de résultats désastreux pour nos trois communes, pour la Crau, et surtout pour la commune d'Hyères elle-même qu'entraînerait le déplacement des eaux convoitées, car ici, comme pour le Ragas, il ne s'agit que d'un déplacement d'eaux ; placez par la pensée le projet fantaisiste d'aller chercher à 15  kilomètres environ et avec une dépense énorme, des eaux qui arrivent déjà à Hyères depuis des siècles.
Et ce, pour donner à cette ville un appoint ou supplément en eaux potables qu'elle peut si aisément et à bien moins de frais se procurer sur dix points différents.
(2)  Je tiens ces renseignements, en quelque sorte officiels, de M. Dollieule, lieutenant de vaisseau en retraite, dont je connaissais la belle conduite et le courageux dévouement dans ces circonstances calamiteuses : simple conseiller municipal, il sut prendre résolument en mains les rênes de l'administration, et au moyen d'un emprunt contracté personnellement, de concert avec un autre citoyen, organiser et assurer tous les services publics.

Utilité publique

Marseille dérive de la Durance 4 mètres cubes d'eau par seconde, sans causer préjudice à personne ;
Cannes dérive de la Siagne 2 mètres cubes d'eau par seconde, mais son entreprise n'a que légèrement altéré la force motrice de quelques usines inférieures pendant les basses eaux seulement, leurs propriétaires qui avaient d'abord fait quelque opposition au projet s'en désistèrent.
L'on sait les immenses avantages que Marseille et même Cannes ont retirés de ces beaux volumes d'eau, amenés dans leur sein et sur leur territoire, on conçoit facilement que dans de telles conditions, l'utilité publique ait été décrétée d'autant plus indiscutable que ces travaux si utiles ne portaient préjudice à personne.
Le spéculateur Brun et la ville d'Hyères se trouvent-ils dans des conditions analogues ? II s'agit de conduire à Hyères, non 4 mètres cubes, soit 4 mille litres par seconde comme Marseille, non 2 mètres cubes, soit 2 mille litres par seconde comme Cannes, mais 46 litres par seconde, soit 4 000 mètres cubes par 24 heures : sur ces 4 000 mètres cubes, 500 mètres seulement seront affectés au service spécial des besoins municipaux. Les 3,700 mètres cubes restant rentrent dans la spéculation Brun. En résumé, d'après le projet, on veut dériver 12 à 13 mille mètres cubes du cours de Gapeau, pour en consacrer 300 seulement aux besoins municipaux ; c'est environ le 1/40 des eaux dérivées. Les 39/40 restant constituent donc la spéculation ; ce qui réduit l'eau employée aux besoins municipaux à environ 3 litres 1/2 par seconde, ajoutons que dans le projet on ne tient nul compte des eaux de toute nature que la ville possède actuellement.
Et c'est pour un si triste résultat que le sieur Brun et consorts, et la ville d'Hyères elle-même viendraient bouleverser toute la contrée, toute la vallée de Gapeau depuis Solliès-Toucas !
Et malgré ses embarras financiers signalés cl-dessus, la ville prêterait la main à une telle entreprise, et oserait s'aventurer dans les dépenses énormes que son exécution entraînerait bien au-dessus, comme d'habitude, des plans et devis sans doute dressés à cet effet
Le faible avantage d'avoir à Hyères quelques fontaines de plus, fontaines que l'on peut facilement trouver ailleurs et à bien moins de frais, est-il proportionné à la dépense, ruineuse surtout en l'état de ses finances, de ses 42 centimes additionnels, de ses taxes et surtaxes d'octroi et enfin aux perturbations, aux dommages si considérables de toute nature que nous venons de signaler ?
La négative nous parait si évidente, que nous en sommes convaincus, la ville d'Hyères renoncera à son funeste projet, que dans tous les cas, l'autorité supérieure lui refusera son concours et l'autorisation nécessaire, et que le Conseil municipal et les plus forts imposés, mieux renseignés, refuseraient au besoin de s'y associer.
C'est par l'état comparatif des avantages et des dommages résultant d'une entreprise qu'on peut élucider la question d'utilité publique.
Ici, la somme des dommages est immense, l'utilité insignifiante, presque nulle ; que l'on se rappèle Nègre, vendeur, refusant de garantir le débit actuel et futur de sa prétendue source, et l'acquéreur lui interdisant de détruire son barrage ou écluse, que tous les ingénieurs ont affirmé que la prétendue source peut être coupée, que ces eaux sont identiques à celles de Gapeau, et tous seront plus qu'étonnés que la faible majorité de deux voix ait entraîné la ville d'Hyères dans une entreprise si aventureuse et si dispendieuse tout à la fois, majorité formée peut-être de quelques nouveaux débarqués qui, ne possédant rien à Hyères, n'auront guère à contribuer à la dépense.
Les privilèges sont de droit étroit, il faut bien se garder d'en étendre la portée ; le privilèges d'arracher à un père de famille malgré sa volonté une simple parcelle de son champ, est un privilège exorbitant contre le droit de propriété que le législateur a entouré de tant de garanties, ce privilège exorbitant, l'autorité ne doit l'accorder que dans des cas exceptionnels, et pour de grandes considérations d'intérêt public. Le savant jurisconsulte Pufendorfs, livre 8, chapitre 5, § 7, a résumé en quelques mots les principes de la matière.
« Il ne faut pourtant pas, dit-il, donner une trop grande étendue aux cas d'utilité publique, il faut en tempérer les privilèges AUTANT qu'il est possible par les règles de l'équité. »
À la faveur de ces principes et des considérations ci-dessus, nous avons la ferme. espérance que le gouvernement n'accordera pas aux entrepreneurs le décret d'utilité publique, que les eaux convoitées continueront, comme par le passé, d'être consacrées au mouvement de nombreuses usines, et à l'arrosage des terres des cinq communes qui en jouissent depuis des siècles ; car l'œuvre projetée, loin d'être une œuvre d'utilité publique, serait une œuvre de perturbation générale et de dommages publics.

 

Toulon, le 24 avril 1872

Casimir ARÈNE
Ancien Avocat, Propriétaire aux terroirs de Solliès-Pont et de Solliès-Ville.
Ancien président de la Commission des eaux de Solliès-Pont.

Antoine Groignard

Né le 4 février 1727 au bourg du pont de Solliès, près de Toulon, il était fils fils d'Arnaud ancien capitaine de bâtiment marchand et d'Élisabeth Sénès. C’est à Paris qu’il fait ses études d’ingénieur constructeur, dans l’école fondée en 1741 par Duhamel du Monceau. Affecté successivement à Brest, Rochefort, Le Havre et Lorient, Groignard devient un éminent spécialiste de la conception des charpentes navales.
Antoine Groignard était un ingénieur constructeur de la marine, c’est-à-dire un ingénieur spécialisé dans la construction des navires de la marine royale. Conseiller du ministre de la marine, il a pour mission d’uniformiser les plans des vaisseaux construits dans les différents ports du royaume et membre de l’Académie de marine en 1769.

À Toulon, Groignard joue un rôle particulier pour la modernisation de l’arsenal. Il établit en effet en 1774 les principes de construction du premier bassin de radoub de Toulon en 1779. Cela permettra d’échouer les navires au sec afin d’entretenir ou de réparer leur coque. Le procédé imaginé par Groignard était particulièrement audacieux. Le bassin en maçonnerie sera en effet construit sous le niveau de la mer, à l’intérieur d’une immense caisse de charpente.
Longue de cent mètres et haute de plus de onze mètres, la caisse est maintenue à sec durant les travaux au moyen de centaines de bagnards pompant à longueur de journée. Le bassin Groignard est mis en service en 1778. Il est toujours en activité après plus de deux cents ans d’activité.

Le succès de Groignard lui vaut d’être nommé ingénieur général de la Marine en 1779
Buste d'Antoine Groignard.

Buste en bois de l’époque le représentant avec son uniforme d’ingénieur général. Il porte sur la poitrine la croix de Saint-Louis, qui lui est accordée en 1780 par le roi Louis XVI. © Musée national de la Marine, Toulon.

Il se retire du service en 1790, mais est rappelé pendant la Révolution, pour être ordonnateur du port de Toulon. Cette fonction consiste à diriger toute l’administration de la marine dans le port de Toulon pour préparer la campagne d’Égypte.
Il fut nommé chevalier de Saint-Louis en 1780 et anobli l'année suivante.
Il est mort à Paris le 26 juillet 1799.

 

Maquette bassin de radoub.
Jusqu'à la fin du 18e siècle, la Méditerranée ne possédait pas de bassin ou de forme de radoub destinée à l'entretien des carènes de vaisseaux en milieu sec. Les ingénieurs ne parvenaient pas à y établir un ouvrage maçonné dans l'eau à la différence des ports de l'Atlantique où le flux et le reflux des grandes marées en permettait la construction.

L'ingénieur Antoine Groignard, en mettant au point l'échouage d'une caissse maçonnée à l'aide d'un gigantesque radeau, permit enfin la construction de ce bassin, réalisé entre 1774 et 1777.

Bassin de radoub ; maquette d'architecture,
Bassin n° 1 de Toulon, 1774-1778. © MnM, Toulon.

Mémoire de guerre 1914-1918

Prêt de M. Claude Pedrotti :

– Un coffret de bois contenant 197 stéréophotographies ;
– Un carnet de guerre de 96 pages.

Coffret de bois contenant 197 stéréophotographies

Un coffret bois de 31,5 x 20 x 13 cm contenant 197 stéréophotographies de 105 x 45 mm et d’une visionneuse marquée : 76 STEREOSCOPES PARIS 3..., scannées en juillet 2014 et janvier 2015.

La profusion d’images, fixes ou animées, est une des caractéristiques de la Grande Guerre, qui en fait le premier conflit médiatique contemporain.
On appelle vue stéréoscopique une plaque de verre qui offre, à l’aide d’une visionneuse, une vue en relief saisissante de réalité. Le relief est obtenu par jeu d’optique. Chaque œil perçoit l’une des deux photographies et c’est la superposition de ces deux vues qui produit la sensation du relief.

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Coffret Vérascope et plaques stéréoscopiques. Prêt de Monsieur Claude Pedrotti.

Cette boîte permettait de visionner les plaques de verre stéréoscopiques (de format 10,5 x 4,5 cm) et de rendre l’effet du relief. Cependant, le petit format des visuels et la présence d’un appareil créent une distance entre l’image et le spectateur. Les visionneuses étaient auparavant volumineuses et lourdes. La commercialisation d’appareils portatifs, comme le Vérascope, va participer au succès des vues stéréoscopiques.
Aujourd’hui, la numérisation de ces plaques en verre permet une projection en grand format.
Cette vue stéréoscopique témoigne de la violence du conflit et de la force du souffle d’une explosion, capable de projeter un corps dans les branchages.
L’utilisation des appareils photographiques est réglementée sur le champ de bataille. Il faut donc s’interroger sur l’auteur de la photographie : est-ce un soldat au service de la propagande ou un cliché réalisé sans la permission de l’Armée ?
Plusieurs vues stéréoscopiques reprennent le thème du cadavre suspendu, par exemple avec le corps d’un cheval. Un corps décharné pendu à une branche et le tronc d’arbre mort vont être des images fortes reprises et diffusées après la Grande Guerre.
Elles continuent d’alimenter notre vision de ce conflit.

Un carnet de guerre de 96 pages

Un carnet de guerre de 96 pages de 16,5 cm x 10 cm, couverture carton, dos toile, commencé le 4 août 1914 et arrêté le 27 septembre 1914, écrit en noir et en violet par Joseph Simo, matricule 7806, domicilié 8, rue de Salles à Oran, musique du 2Zouaves, Oran, Algérie et décédé en 1951 à 74 ans.

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Le 4 août, carnet de guerre de Joseph Simo. (Prêt de Monsieur Claude Pedrotti.)

Oran le 4 août
Guerre Européenne et Franco-Allemande

En cas de Mort Celui qui trouvera ce carnet sur moi sera assez aimable de vouloir bien l’envoyer contre récompense à l’adresse : Madame Simo, 8 rue de Salles 8, Oran Algérie

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Souvenir de la guerre Franco Allemande
___ Simo Joseph ___
Campagne d’Algérie
_ de France
_ de Belgique
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Campagne Franco-Allemande
__ 1ere journée __
Nous étions embarqués le 4 à Oran le 5 nous sommes partis de Mers-el-Kebir par le Duc de Bragance. Nous étions escortés de 5 croiseurs et 3 contre torpilleurs.
Nous débarquons à Cette là nous sommes reçu très bien par la population, nous allons cantonnés dans une école de filles, tout le monde venait nous rendre visite, quelques personnes sont venus nous offrir du vin, du lait etc.
Quelques dames sont devant le cantonnement la je leurs montre trois vues d’Oran elle le trouve très beau et j’ai montré la photographie de ma femme elles trouvent que les femmes d’Algérie sont très belles.
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Le soir vers 8 heures nous partons à la gare prendre le train pour Lyon le régiment musique en tête défile dans la ville jusqu’à arrivé à la gare.
Le train part à minuit nous passons dans de grandes villes Montpelier, Avignon, Valence, Nîmes etc. Arrivé à chaque gare tout le monde nous attendait avec des bidons de café, des gâteaux, du pain, des pommes, des poires, on nous donnait des journaux, des cartes postales tout le monde nous serrait la main, on criait Vive la France, à bas Guillaume etc.
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Sur les wagons on décorés des têtes de Guillaume, des casques à pointe etc.
Nous arrivons à Lyon et on part à pieds pour Sathonay nous faisons 12 kilomètres en traversant les principales rues et boulevard de Lyon musique en tête, on arrive à Sathonay ou nous allons cantonner au Camp des Zouaves on nous sert la soupe.
Le soir on sort en ville on va dans les cafés on prend la bière avec Noguera dans plusieurs cafés.
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Enfin nous prenons le train pour partir pour Rocroi après avoir traversé quelques villes et nous passons aux environs de Paris d’où nous sommes on entend quelques coups de canon enfin nous partons le soir à 7 heures par une très forte pluie à pieds pour la Belgique.
15 août, je me souvenais de tous les ans quand on allait au bord de la mer faire la fête, malheureux 15 août cette fois il pleuvait toujours nous arrivons à frontière Franco-Belge une heure après, et ensuite à Couvin ; premier village Belge.
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Ce jour-là je souffrais toute la journée des dents. Je souffrais tellement que je vais voir le major pour me la faire arracher, le major me répond qu’il n’avait pas d’outil. Je vais en ville chez un pharmacien, et il me prête 2 pinces, en arrivant on donne l’ordre de partir et nous partons sous la pluie. Je reste avec les pinces dans la poche et mon mal de dent se calme jusqu’à présent heureusement.
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Nous étions trempés jusqu’aux os. La musique va coucher dans un moulin. Je me suis couché sur des sacs de farine j’étais glacé. Je me rappelai de ce beau petit lit que j’avais, enfin le matin, le chef vient nous réveiller à 5 heures. On s’était couchai le soir à minuit. La famille ou nous étions nous sert le café au lait avec des tartines de beurre enfin à 6 heures on part et on arrive toujours avec la pluie et le froid à Sautour, on nous fait coucher dans une grange nous étions gelés on ne pouvait
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pas dormir, je vais dans une ferme et j’achète du beurre et du pain et je mange un morceau enfin les Belges sont très braves ils mangeaient le pain dur, pour nous donner le frais. Enfin nous sommes à 2_ kilomètres du combat nous attendons avec impatience le moment d’y aller nous voyons sur nous passer des aéroplanes espions mais ils sont _ent, la nuit venu je vais me coucher.

Journée du 17
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17 août
Le matin réveil à 5 heures on donne l’ordre de se tenir prêt à partir dans une heure.
On entend très bien le canon tout le monde se regarde on dit que l’heure est venu, de faire son devoir. Tout le monde se demande si on sera vivant dans une heure enfin on se dit tant pis s’il faut mourir étant mieux surement pour la France.
(vive la France)
Nous partons, on arrive à Neuville. On est cantonné dans une grange il ne pleut plus, je prends un café en face et
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je monte me reposer un peu et il paraît que c’est demain que l’on va au feu.

18 août
On donne l’ordre de partir à 9 heures on nous rassemble et un moment après on ne partait pas encore, on rentre une autre fois, nous allons voir quelques aéroplanes qui viennent survoler au-dessus de la ville, l’après-midi on va laver le linge dans une petite rivière enfin nous attendons toujours d’aller au feu. 
20 août
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20 août
On rassemble le matin sur la place, et nous partons de suite, en route un aéroplane allemand vient voler sur nous heureusement il est reçu par une pluie de balles qui ne l’on pas touché. Il part et une heure après on nous apprend qu’il a été descendu à coup de fusil par le 56e de ligne et contenait 6 bombes que nous aurions pu recevoir sur nous.
Enfin on arrive à Florennes. Nous sommes logés dans une maisonnette à moitié fini. J’achète en ville un peu de charcuterie et je déjeune avec
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Noguera ensemble on va prendre un verre de bière dans un café. Il est 4 h 30 nous sommes assis devant la porte ou nous sommes cantonnés, en train d’écrire des cartes postales pour la famille car il me tarde de savoir des nouvelles de ma chère famille nous nous promenons dans la petite ville de Florennes. Nous rentrons dans quelques cafés, on visite on regarde et enfin on revient toujours, au même endroit, vers 6 h,  je vais visiter une jolie quincaillerie Mon Biot, place Verte à Florennes.

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Il me fait visité tout son magasin c’était très beau c’est une vraie quincaillerie, enfin on va prendre la bière et on va se coucher.
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Florennes, quincaillerie Biot, place Verte
10 heures du soir
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21 août 1914
nous sommes prêts à rentrer
au combat
Milles baisers à ma chère petite femme
et à mes chers parents
je vous embrasse bien fort
au revoir, ma chère femme
au revoir mes chers parents
Vive la France
Simo
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R° 21 août
Le matin réveil à 5 heures se tenir prêt à partir une ½ heure après on ne partait pas, on se brosse les effets, on s’arrange un peut et on reste près du cantonnement en attendant les ordres. Vers 1 h ½ un monoplan allemand vient survoler au-dessus de Florennes mais il est reçu par quelques coups de feu qui ne l’atteignent pas, et il part. Il est 10 heures du soir nous sommes au milieu de la ville rassemblés pour partir au combat, à minuit nous partons et arrivons au champ de bataille à 4 heures, 22 août l’artillerie ouvre le feu, nous sommes à Fosses les habitants sont tous partis l’artillerie fait des dégâts à l’ennemi, les petits zouaves 
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V° Nous irons à Berlin
vive les petits zouaves
vive la France
vive l’Algérie
combat de Fosses 22 août
Simo
combat de St-Gérard 23 août 
général Saurey

R° 22 août
à la baïonnette et les font reculer de 10 ou 15 kilomètres la bataille est bien engagée les Français avancent ! malheureusement arrivé aux tranchées ennemis les mitrailleuses et les obus nous pleuve de tous côtés nous subissons de sérieuses pertes dans notre régiment de zouaves. Nous pûmes ramassés quelques blessés. La bataille de Fosses 22 août a été très cruelle pour nous, la bataille se termine le soir à 6 heures et nous battons en retraite jusqu’à St-Gérard. Arrivés là, j’achète un kilog de pain et je mange une boite de conserve avec mon ami Noguera, nous allons nous reposer jusqu’au matin. À 4 heures le repos n’étant pas bien long
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V° 23 août
nous avons assisté à un combat qui a duré jusqu’à 10 heures du soir. À 11 heure on va se reposer, au milieu d’un champ, il fesait très froid, à 2 heure du matin (24 août) on nous fait lever pour partir de suite car on était attaqué on part à Philippeville nous avons ouvert le feu, il est 3 heure de l’après-midi nous attendons au milieu de la ville les allemands.
Je vois passer une voiture avec deux officiers allemand blessés, à 4 heures on part, les allemands bombardent la ville.

Nous rentrons en France près d’Hirson et on cantonnait après 17 heures de marche. Les hommes restent sur la route, on ne tient plus debout on 
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Dhuizel la garde au drapeau

R° 26 août
n’a pas mangé depuis hier. Arrivé au cantonnement je vais dans une ferme avec le sergent Boyer et la fermière nous sert une bonne soupe, pot au feu, du fromage au l__n, 1 litre de cidre, des fruits, du café, enfin on a très bien mangé, en France les gens sont très aimable ils nous donnent tout. Après les avoir remercié nous allons au cantonnement et on fait un peu la sieste. La pluie commence à tomber. Toute la nuit il a plut, le matin on part à 4 heure. 26 août à Lancelle-la-Cour. On est arrivé tout trempé on nous a logé dans une grange à fourrage ou nous avons passé la nuit. 

V° Mort d’un ami
Combat de St-Gérard 22 août 1914 
il était 3 heure de l’après-midi nous étions à St-Gérard, l’ennemi était près de nous, on venait de se battre, nous allons nous reposer entre St-Gérard et Philippeville, la Cie avait reçu l’ordre d’aller en avant-garde reconnaitre l’ennemi. Un moment avant je vois mon ami Castagno un peut triste je lui demande s’il avait le cafard ; ha il me dit je ne sait pas mais je vais au combat et je pense beaucoup à ma petite, il y a que ça qui me tracasse ; enfin je l’encourage et après lui serre la main, ils partent une heure après, il est coupé en deux par un obus j’ai pleuré toute la journée.
_ _ contre _ _ _ _

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Journée du 28 août, carnet de guerre de Joseph Simo. (Prêt de Monsieur Claude Pedrotti.)

R° 28 août
Le matin on part à St-Gobert on arrive à 2 heure, on commence à faire la soupe et vers 5 heure on soupe. Nous sommes dans une ferme, on attend les ordres pour partir à minuit, on donne le signal pour partir et on va à la rencontre de l’ennemi, on arrive sur le champ de bataille vers 7 heure la bataille s’engage ça chauffe dur, les obus nous passent par-dessus la tête on croit plus en sortir. Mais enfin ça marchait bien de notre côté, malheureusement vers 4 heure les allemands changent leurs tirs et nous sommes obligés de battre en retraite au pas de gymnastique, les obus nous suivent…
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ils tombent sur les régiments, je vois sauter des morceaux d’hommes en l’air, les arbres sont arrachés, nous courrons toujours, les obus nous suivent, ils tombent à 2 et 8 mètres sur nous, on voir la mort venir, mais un moment après ça s’arrête, nos canons marchent toujours et on va dans un champ dormir un peu, il est 11 heure on s’endort il faisait un froid terrible on ne pouvait pas dormir,
vers 4 heure du matin on repart au champ de bataille pour repousser les allemands, les obus nous tombent toujours mais les allemands reculent vers 4 heure nous nous…
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replions et on va se reposer dans une ferme jusqu’au matin 31 août. On perd notre régiment, on ne le retrouve plus on voit des zouaves de tous les cotés sur toute les routes, enfin le matin la musique part, nous allons à la recherche du régiment, on marche toute la journée à travers tous les champs, les villages on le retrouve pas, on n’a pas de vivre, on crève de faim et de soif enfin le soir à 8 heure après avoir marché un jour et une nuit on le retrouve et on s’en va avec, on prend la marche sur l’Oise
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on marche toute la journée on fait une halte de 1 heure, on mange un peut et on part en marche toute la nuit. Le matin on arrête un peu
et on est toujours fatigués et sans manger ni même pas du café enfin on patiente. On marche toujours et vers 6 heure on cantonne après avoir fait une soixantaine de kilom on prépare la soupe, il est 7 heure je suis à bout de force on ne tient plus debout, on se repose un peu et le matin à 1 heure on part il y a deux jours qu’on ne touche pas de vivres. On n’a ni pain ni rien dans les villages il y a plus personne on mange tous ce qu’on trouve en route.
…/…

R° 3 septembre
Un morceau de pain dur roulait dans ma musette depuis 9 jours je le mange avec appétit enfin la journée se passe. On cantonne au milieu d’un champ. À 11 heure du soir on nous fait partir en marche toute la nuit le matin vers 8 heure on s’arrête, on nous donne un bout de pain à chacun, on commence à faire la soupe mais lorsqu’elle était faite il fallait partir, ensuite on lâche tout et on part. La bataille est engagée entre les artilleries. Nous suivons le mouvement toute la journée et on attend toujours les résultats et la fin, car il y a déjà assez.
Ce jour-là on la saute.
…/…

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R° 4 septembre
aujourd’hui on marche toute la journée sans s’arrêter, on n’a rien dans l’estomac depuis hier. On ne s’arrête pas, vers 5 heure on s’arrête à 15 kilomètres de la Seine, on est sans force, enfin au bout de 8 jours on nous donne aujourd’hui du pain. On mange ça comme des gâteaux, les hommes sautent dessus comme des loups, il y a même des hommes qui restent en route mort de faim, enfin ce soir on se repose, on nous donne de bonnes nouvelles il faut monter en avant les allemands reculent. C’est aujourd’hui que commence la grande bataille finale.

R° 6 septembre
nous partons à 5 heure du matin, on prend le café et nous marchons les zouaves comme troupes de réserve en 3e ligne. On arrive au cantonnement vers 6 heure en route on rencontre 40 prisonniers allemands dont un capitaine. Ils sont sur le bord de la route couchés et gardés par une patrouille. On arrive, on fait la soupe, nous commençons à avancer, l’ennemi recule, on nous apprend des victoires françaises et russes, nous sommes tous contents, on dit que c’est la dernière bataille et que dans quelques jours on saura de bonnes nouvelles, enfin on a du courage, hier on a pris 14 canons allemands.
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R° 7 septembre
aujourd’hui on marche toujours en avant à la poursuite des allemands. Arrivé au champ de bataille, le champ était couvert de mort allemands et des blessés, on leur donnait à boire, il y avait des officiers qui parlaient le Français, on les soigne et on continue la route. 

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On arrive au cantonnement on fait la soupe, il est minuit, on se repose et le matin à 2 heure, réveil, on part en avant-garde.
8 septembre
En route on rencontre des cadavres de tous les côtés, des chevaux, des armes c’est la peste, il y a des blessés de tous côtés, on rencontre des allemands blessés, on leur demande des renseignements, il y en a qui causent un peu le français.
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On marche toujours en avant à la poursuite de l’ennemi. Ils occupaient un village mais on les fait partir à coup de canon. L’après-midi nous occupons le village, ils bombardent toujours. L’ennemi bat en retraite, de temps en temps les obus nous tombent, nous étions assis sous un arbre avec quelques musiciens, un obus est venu éclater à 3 mètres près de nous, la terre a sauté en l’air on savait plus de quel côté partir, on s’est sauvé mais on la échappé belle, il y a eu un blessé à la jambe. On nous fait partir et on passe la nuit à 1 kilom du village. Il pleut, la terre est mouillé et pourtant il faut se coucher par terre, on est si fatigué que l’on ne regarde rien. 
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enfin on se couche par terre, l’eau nous tombe dessus, il fait froid on passe la nuit.


9 septembre
le matin réveil à 4 heure, on se lève, on est gelé, on chauffe le café, on est tous autour du feu, on attend l’heure du départ. Les aéroplanes survolent sur nous ils vont reconnaître les positions ennemies.
L’ennemie occupait Montmirail. On leur a mis nos canons 75 derrière, ils ont été obligés de se sauver en laissant 1500 morts, des blessés et des munitions et des canons. À 2 heure il faut partir à Esternay. En route on ne voit que des champs de cadavres allemands, des chevaux, des canons abandonnés mais ces cochons avant de quitter le village, ils ont incendiés toutes les maisons, ils ont fusillés des habitants, ils ont violés des femmes qui ont tués après, ils les mettait à 20 mètres et ils disaient « voilà comme on tuent les cochons français »
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Mouilly, dans le cimetière, 1915

grande bataille d’Esternay

mais heureusement ils ont dut quitter vivement nous sommes campés dans la ville, il est 10 heures du matin.
10 septembre
on se prépare pour partir on va prendre le train pour aller je ne sais pas encore où, personne ne le sait. Enfin on prend la direction de la gare de Henard-le-Vicomte, on prend le train et on va jusqu’à Roissy. On passe la nuit mais avant d’être arrivé on se fait 5 kilom sous une pluie qui nous a pénétré jusqu’à la moelle des os, on arrive par se réchauffer un peu il fesait froid, il y avait un bataillon des territoriaux du 144e qui nous ont donné un peu de soupe chaude, la pluie continue. Le matin on part à 10 heure
12 septembre
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12 septembre
on marche toute la journée sous la pluie on est trempé de partout l’eau nous coule dessous les pantalons on marche toujours sans savoir ou on va, on n’a pas mangé depuis la veille, enfin on arrive à une grande usine, il est 9 heures on s’est trompé de route, on ne peu plus continuer les hommes tombent sur le fossé glacé car il fait très froid, le sous chef tombe, on le monte sur la voiture, enfin on fait arrêter à l’usine car on ne peu plus continuer , là on allume du feu, on brule tout, je n’ai jamais été aussi malheureux que ce jour, je croyais crevé aussi, pourtant je n’ai rien eu.
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13 sept
le matin vers 6 heure, on part, l’eau àcessé un peu, nous sommes un peu se, on va marché toute la journée, on a pas encore mangé, on arrive à Marigny le soir à heure. Le matin les allemands occupés le village, dès qu’ils apprennent notre arrivé ils se sauvent. On fait la soupe et on se couche. Le matin on attend les ordres pour partir, nous sommes cantonnaient un peu partout mais la veille j’avais brulé mon capuchon et j’ai profité icic pour me le faire arranger par une bonne femme qui la arrangé à la machine, il pleut toute la nuit. Nous sommes à 2 kilomètres de Compiègne, très bonnes nouvelles l’ennemi repp___ sur toute la ligne, en tout ils laissent tout, on boit leur ___ce.
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Journée du 14 septembre, carnet de guerre de Joseph Simo. (Prêt de M. Claude Pedrotti.)


14 sept.
Il pleut toujours, nous sommes dans notre capuchon dans un hangar, il y a des lapins qui nous marchent sur les pieds, on est assis en attendant le départ.
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on marche toute la journée sous la pluie
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on entre en contact avec l’ennemi, les canons tonnent de tous côtés
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on est à l’Aisne, terrible combat, beaucoup de morts, une
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fusillade s’engage entre l’ennemi et nous, nous sommes cernés de tout côtés, l’ordre arrive de tenir jusqu’au dernier moment, il pleut toute la journée, nous restons deux jours enfermés dans ce village, enfin les renforts arrivent par derrière et nous ouvrent un passage.
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le matin à 4 heure nous partons en silence, enfin on est sauvé, on laisse nos blessés et morts dans le village et nous allons à 10 kilomètres plus loin faire la soupe car il y a 3 jours que nous mangeons que des patates bouillies.
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1er journée
Tracy-le-Mont
bataille décisive
19 sept.
on arrive à Tracy-le-Mont, nous sommes cantonnés dans les maisons, on nous présente un drapeau allemand prit par les zouaves, il est sur une auto avec le zouave qui la prit pour aller à Paris le remettre au président de la république. Nous reposons toute la journée au village, on fait la soupe, on mange très bien Desfarge et moi nous avons fait un ragout aux pommes de terre avec de la viande, c’était ___tant, enfin nous passons la journée et on attend les ordres.
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2e journée
20 septembre
nous partons le matin à Tracy-le-Mont pour attaquer l’ennemi, les 0bus nous tombent de tous côtés, il pleut toujours.

3e journée
21
les zouaves sont retranchés, il pleut toute la journée, il y a de nombreux morts et blessés, nous sommes au poste de secours dans la forêt de Tracy-le-Mont, quelques obus sont tombés dans la forêt et ont tués 3 tirailleurs, un a eu la tête enlevé c’était horrible à voir.

4e jour.
22 septembre
le village est bombardé, les obus à la millenile (à mitraille !) tombent de tous côtés toutes les maisons sont en ruines il y avait quelques tirailleurs
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qui mangeaient leur soupe ils ont été carbonisés. Il ne reste plus de village, mais enfin notre artillerie vient de détruire une batterie allemande on entend plus les obus, nous sommes dans une grotte où nous passons la nuit, la musique et le chef.
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5e jour
23 septembre 1914
Il était 4 heure du matin on vient nous réveiller, il fallait partir en avant pour attaquer l’ennemi, il y avait un brouillard qu’on ne voyait pas à un mètre. Nous avions tous le cafard de voir passer un si triste 23 septembre, tout le monde pensait ou on devait être, enfin on part en rencontre l’ennemi à 100 mètres, la mitraille nous tombe et les balles nous sifflent, les zouaves tombent comme des oiseaux, il ne reste pas beaucoup de zouaves, nous ramassons les blessés. De tout côté enfin vers 1 heure la musique nous allons en arrière au poste de secours. Nous étions assis près d’une maison en attendant que la pluie de balles s’arrête
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quand tout à coup un obus à millennile (à mitraille !) nous tombe à deux mètres près de nous, il a fait un trou dans la terre de 2 mètres sur 3 mètres, personne a été blessé il faut dire que la musique a été protégé par Dieu et que nous avons la chance il aurait put rester personne, en enfin tout le monde se sauve, nous étions pâle comme la mort, plus tard on va encore ramasser des blessés au milieu des obus, on travaille toute la journée et enfin la nuit nous allons dans la grotte passer la nuit, tout le monde était présent, personne blessé.
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6e journée
24 septembre
la bataille continue, c’est la bataille décisive, la fusillade est toujours engagée il y a de nombreux morts et blessés, nous sommes toujours dans la grotte.
7e jour
25 septembre
on conserve les mêmes positions.
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8e journée
26 septembre
la journée est un peu calme, quelques fusillades de temps en temps, nous soignons les blessés et on les amène au poste de secours dans le château de Tracy-le-Mont.
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Passerelle-détruite-sur-la-Meuse


9e journée
27 septembre
la bataille est engagée sur le même front, nous ne savons rien de nouveau.

Dernière page au verso :
Remettre au colonel pour 10.30 les (illisible)
de prises et armes
et effectif
départ 10 h 15
ordre de marche 3 - 1 – 2
direction route de Bamartin

Mme veuve Lucien
Grand route
Tracy-le-Mont

Recette pour se guérir du choléra

 

Recette transcrite par Philémon Dollieule (1817-1881, maire de Solliès-Pont en 1874, officier de Marine, officier de la Légion d’Honneur, (L'ermitage Sainte-Christine de la paroisse de Solliès-Pont, Var) pour se guérir du choléra. Épidémie qui débuta à Solliès-Pont le 26 septembre 1865 et fait cent cinq morts en neuf jours. (Le recensement de 1861 compte alors 2961 habitants.)

Prenez une petite poignée de camomille romaine et autant de feuille de menthe poivrée, faites bouillir cinq minutes dans un litre d’eau ; passez avec pression – Prenez, pour un homme un bol ordinaire de votre infusion bouillante en y ajoutant une cuillerée à bouche de sure et faites boire ce mélange le plus chaud possible ; environ ¾ d’heure après, répétez la même dose ; ne donnez rien à boire au malade entre les deux doses du remède, mais seulement une heure après la dernière dose. Faites tout votre possible pour réchauffer le malade au moyen de couverture ; s’il désire se découvrir sous prétexte qu’il est brulant, couvrez-le malgré lui ; faites de la tisane avec du tilleul, ou camomille romaine, ou menthe poivrée en y ajoutant du sure,  faites boire tiède.

 

Camomille romaine
Menthe poivrée, illustration ancienne

Camomille romaine.

Menthe poivrée.

Lorsque le malade se plaint beaucoup de l’estomac, faites lui prendre de la thériaque de la grosseur d’une petite noisette, dans deux travers de doigt de vin rouge chaud, quand la réaction sera rétablie, soulagez le malade en diminuant le nombre des couvertures. Dans le cas où le malade se plaindrait de maux de tête, faites des sinapismes au gras des jambes avec de la farine de lin soupoudrée de moutarde en attendant que l’infusion soit préparée, on mettra sur le corps, principalement sur l’estomac des linges bien chauds, qu’on appliquera plus, une fois la première dose prise, afin de laisser le malade tranquille et faciliter ainsi la réaction qui n’arrivera quelques fois qu’après la deuxième dose.

Pot à thériaque.

Pot à thériaque.

On ne devra pas s’inquiéter des vomissements, ils disparaissent à la deuxième dose. Quand un malade n’a pris aucun remède on est sur d’obtenir un bon résultat en se conformant aux indications ci-dessus.
Moyen d’employer cette recette suivant le degré de la maladie si elle n’est qu’à son début, prendre deux bols de cette infusion en mettant trois quart d’heure d’intervalle de l’un à l’autre ; une heure après le malade est guéri.
Si elle présente un caractère plus grave même infusion mais trois bols au lieu de deux, en y ajoutant ; à chaque bol une cuillerée de rhum ou d’eau de vie ; en mettant demi heure d’intervalle de l’un à l’autre, guérison au bout de deux heures.

La maladie arrivée au degré le plus avancée, même infusion, deux cuillerées de rhum ou d’eau de vie et en donner un bol à chaque quart d’heure, jusqu’à ce que la réaction soit rétablie, guérison au bout de quatre heures. La convalescence varie de dix à vingt jours suivant le tempérament du malade.
Si le choléra venait à atteindre des personnes déjà atteintes d’une maladie ce traitement peut aussi être employé avec succès ; mais dans ce cas on devra donner une infusion plus légère et supprimer le rhum. Si par imprudence, on donnait à boire froid, le malade retomberait dans son état primitif ; en ce cas on recommencerait le traitement en se conformant à tous les détails indiqués dans la recette.
Pour obtenir un bon résultat, il est de toute nécessité de n’employer pour les infusions que des simples de bonne qualité.

Les personnes qui voudront faire usage de ce remède doivent se procurer les objets désignés ci-dessus, pour pouvoir les appliquer dés le début de la maladie et empêcher ainsi son développement.

 

 

 

Bibliothèque : L'ermitage Sainte-Christine de la paroisse de Solliès-Pont, Var

La poste aux lettres au pays des Solliès

Rue de la République

Hôtel des Postes en septembre 1914

Des origines à la Révolution

Les archives municipales de la communauté de Solliès (qui regroupait alors les paroisses de Solliès-Ville, Solliès-le-Pont, Solliès-Toucas et Solliès-Farlède) d’avant la Révolution sont muettes sur la présence d’un messager allant chercher à Toulon le courrier officiel et celui des particuliers (fig. 02.)
Il devait cependant y en avoir un.
En effet, dans l’inventaire des archives de Belgentier :
— les comptes de trésorerie de 1775 – 1776 mentionnent un remboursement au préposé du bureau de Solliès de 3 livres 10 sols pour le port de lettres ;
— une délibération du 14 février 1779 accorde une allocation annuelle de 12 livres au receveur de la poste à Solliès pour apporter ou faire apporter toutes les semaines le courrier de la communauté ou des habitants du lieu (fig. 03a & b).
Dans une délibération du conseil municipal de Solliès du 8 juin 1793, donnant un avis négatif sur l’ouverture d’un bureau à Cuers, on trouve également :

« qu’il y aurait un préjudice considérable pour cette commune (Solliès) dont on a reconnu de tout temps la nécessité d’y avoir un bureau et que ce bureau existe depuis très longtemps... »

fig. 02

Fig. 02 : pli du 8 mai 1727, de Toulon au Pont de Solliès.

fig. 03a

Fig. 03a : Pli de Solliès du 11 octobre 1756 par porteur jusqu’à Toulon et avec une taxe de 9 sols : 6 sols Toulon-Valence et 3 sols Valence-Grenoble.

fig. 03b

Fig. 03b : Intérieur du pli (Fig. 03a).

La Poste de 1793 à 1830

Les événements liés au siège de Toulon par les armées révolutionnaires vont apporter quelques modifications dans la région.
Tout d’abord, la mise en place du siège ayant entraîné la rupture des relations de TOULON avec le reste du département et donc la fermeture du relais de la poste aux chevaux, un relais est ouvert à Solliès (en relation avec Le Luc). Mis en service entre le 10 et le 20 septembre 1793 il assure le port du courrier dans la partie Est de l’aire toulonnaise. Il y restera jusqu’en 1802. D’autre part, les royalistes ayant pris le contrôle d’Hyères le 28 août 1793, le siège du district est transféré à Solliès le 24 septembre. La reprise d’Hyères par les républicains le 20 octobre entraîne le départ vers Toulon de nombreux notables hyérois.

C’est ainsi que le 6 novembre une délibération du conseil municipal de Hyères constate que « le citoyen Bonnefoy, directeur de la poste aux lettres, a vraisemblablement fui puisque depuis quelque tems il ne paraît plus ». On lui nomme un remplaçant, mais le bureau de poste est stratégiquement trop important, car il dessert une zone occupée par les troupes du siège de Toulon.
C’est pourquoi, sans doute par mesure de sûreté, il va très rapidement être déplacé à Solliès-Pont comme le montre une lettre écrite à La Garde par un militaire le 21 novembre 1793 et portant la marque manuscrite Solliès/78 (fig. 04).

fig. 04

Fig. 04 : Pli du 21 novembre 1793, Solliers / 78 manuscrit, taxé de 13 sous pour une distance de 120 à 150 lieues.

Peut-être même l’avait-il été dès le début de novembre 1793. En effet dans une délibération du Conseil de Solliès, datée du 5 novembre 1793, on peut lire :
« Le Conseil... considérant que le citoien Mazel aiant la direction de la poste aux lettres de cette ville aiant perdu la confiance publique et aiant donné sa démission, et que le service ne peut pas souffrir le moindre retard... arrête que le citoien Jean Baptiste Aiguier, perruquier de cette ville, remplira provisoirement la comission de la direction de la poste aux lettres de ce canton et qu’il en sera donné de suite avis à l’administration des postes a Paris avec prière d'aprouver le choix fait et au citoien Julien chargé de la direction des lettres pour l’armée pour qu’il se conforme a la presente en ce quil concernera le canton ».
fig. 05

Fig. 05 : Pli du 19 thermidor an II (6 août 1794), 78 SOLLIERS, 6 sous, de Hyères à Aix.

Certes le terme de directeur de la poste aux lettres est quelquefois employé de manière abusive pour désigner un simple distributeur local, mais pourquoi dans ce cas prévenir le directeur de la poste pour les armées ?
Le nouveau bureau de Solliès appose sur les lettres la mention manuscrite 78/Solliès connue jusqu’au 23 mars 1794 (3 germinal an II). Il reçoit ensuite une marque 78/SOLLIERS, vue à partir du 9 avril 1794 (fig. 05).

Le bureau de distribution

Mais le bureau de Solliès n’aura qu’une vie assez courte. En effet le 16  octobre 1796 l’administration des Postes annonce au Conseil municipal de Solliès à la fois le transfert du bureau à Cuers et la desserte de la commune par ce bureau (fig. 06). Bien entend, le Conseil proteste et demande à être desservi par le bureau de Toulon. Cette demande est refusée.

fig. 06a

On nomme alors un distributeur des lettres (c’est-à-dire chargé de la distribution dans la commune aux frais de la municipalité).

fig. 06b

Fig. 06 : Pli du 3 novembre 1813, par porteur de Solliès à Cuers et 4 décimes de Cuers à Nice.

En mai 1815, un bureau de distribution est ouvert à Solliès-Pont.
D’abord rattachée administrativement au bureau de direction de Cuers, elle reçoit en janvier 1819 la cursive double 78/Solliès/CUERS (fig. 7).

En 1825, cette marque est remplacée par une autre cursive double 78/Solliespont/TOULON-VAR (fig. 08). Cela indique que désormais, c’est Toulon qui gère la distribution de Solliès. Mais elle est toujours en correspondance locale avec Cuers.

Au cours des années, la marque du bureau va subir quelques changements :
— en 1830, les mots TOULON-VAR sont grattés, puisque dorénavant le bureau de rattachement appose son timbre à date (fig. 09) ;
— en 1834, une nouvelle cursive est fournie, légèrement différente (le 8 de 78 est entre le « i » et le « e » de Sollies (alors qu’il était entre le « e » et le « s » dans la marque précédente) (fig. 10).
fig. 07

Fig. 07 : Pli du 25 octobre 1819 et taxe de 3 décimes pour moins de 50 km.

fig. 08

Fig. 08 : Pli du 14 août 1828 de 10 à 15 g, taxé de 20 décimes pour une distance de 600 à 750 km.

fig. 09

Fig. 09 : Pli de 7,5 g du 2 juillet 1830, de Solliès à Barjols, taxé de 3 décimes.

fig. 10

Fig. 10 : Pli de 7,5 g du 14 novembre 1838, taxé de 3 décimes.

Le bureau de direction

Le 1er mars 1840, le bureau de Solliès est érigé au rang de bureau de direction (c’est-à-dire qu’il devient un véritable bureau de poste !).
Il reçoit alors un timbre à date au type 15 (petit format) portant le libelle SOLLIES-PONT (78) (fig. 11). En juin 1856, le timbre à date change et porte la mention SOLIES-PONT (78) (fig. 12). Il y aura un nouveau changement en 1868 : on retrouve le libellé SOLLIES-PONT (78) (fig. 13).

fig. 11

Fig. 11 : Pli de 7,5 g du 12 mars 1841, taxé de 5 décimes pour une distance de 200 à 300 km.

fig. 12

Fig. 12 : Pli de 7,5 g du 20 septembre 1856, timbré 20 c.

fig. 13

Fig. 13 : Pli de 10 g du 3 mars 1868, timbré 20 c.

À partir de 1868, le bureau de Solliès utilisera deux autres timbres à date : celui au type 16 (petit format avec indication de levée) (fig. 14) et celui au type 17 (grand format avec indication de levée) (fig. 15.) Plus tard, sans qu’il soit possible de donner une date exacte, il utilisera le timbre à date au type 18 SOLLIES-PONT Var (fig. 16) (je le connais à partir d’octobre 1881).

fig. 14

Fig. 14 : Pli de 10 g du 27 février 1870, 4e levée, timbré 20 c.

fig. 15

Fig. 15 : Pli de 10 g du 15 décembre 1874, 4e levée, timbré 25 c.

fig. 16

Fig. 16 : Carte postale du 12 décembre 1888, 3e levée, timbrée 10 c.

À partir du 1er janvier 1849, l’oblitération des timbres-poste se fait avec :
— une grille dans la période 1849 - 1851 (il est possible de rencontrer une oblitération du timbre à la plume ou avec le timbre à date entre le 1er et le 15 janvier 1849) (fig. 17) ;
— un losange oblitérant dit « à petits chiffres » 2914 de janvier 1852 à décembre 1861 (fig. 18) ;
— un losange oblitérant dit « à gros chiffres » 3426 de janvier 1862 au 31 mars 1876 (fig. 19) ;
− le timbre à date à partir du 1er avril 1876 (fig. 20).
fig. 17

Fig. 17 : Pli du 4 novembre 1850, timbre à 25 c oblitéré par la grille.

fig. 18

Fig. 18 : Pli de 7,5 g du 29 décembre 1857, losange PC 2914 sur empire 20 c.

fig. 19

Fig. 19 : Pli de 7,5 g du 15 mars 1863, losange GC 3426, sur empire dentelé 20 c.

fig. 20

Fig. 20 : Carte postale du 27 septembre 1876, timbre à date 17 sur sage 15 c.

La poste rurale

Les communes de Solliès-Farlède, Solliès-Toucas et Solliès- Pont ont recours, dès leur création en 1799, à des messagers communaux pour aller chercher le courrier de la commune et de ses habitants. Le bureau de poste initialement choisi est Cuers. À la création du bureau de distribution de Solliès-Pont, il semble que la situation reste inchangée. Toutefois en octobre 1821, La Farlède choisit de recevoir son courrier par Toulon. Il est probable qu’en 1828 cette commune recevra son courrier par Solliès-Pont.
Le 1er avril 1830, la création du service rural fait dépendre définitivement les quatre communes (ainsi que Belgentier) de Solliès-Pont. Chaque village est muni d’une boîte aux lettres. L’indicatif de ces boîtes rurales est :
— (A) pour Solliès-Ville , (B) pour La Farlède (fig. 22), (C) pour Solliès-Toucas, (D) pour Belgentier de 1836 à 1841 (fig. 23) ;
— (A) pour Solliès-Toucas, (B) pour Belgentier, (C) pour Solliès-Ville, (D) pour La Farlède de 1841 à 1893 (fig. 24).
L’ouverture d’un bureau de facteur-receveur à Belgentier et à La Farlède en septembre – octobre 1893 ne laisse plus que deux communes desservies par Solliès-Pont : Solliès-Toucas (A), Solliès- Ville (B) (fig. 25).
fig. 22

Fig. 22 : Pli du 23 septembre 1836, lettre-timbre (B) de Solliès-Farlède et le décime rural rouge.

fig. 23

Fig. 23 : Pli du 6 août 1836, lettre- timbre (D) de Belgentier et le décime rural rouge.

fig. 24

Fig. 24 : Pli du 6 mai 1848, lettre-timbre (D) de Solliès-Farlède.

fig. 25

Fig. 25 : Carte postale illustrée du 2 janvier 1903, lettre-timbre (B) de Solliès-Ville.

Les boites aux lettres en 1847 :

Belgentier : sur la place publique sur la grand-route, en saillie sur une maison particulière ; elle est au centre de la commune ;
Solliès-Farlède : dans l’épaisseur du mur de la maison curiale (presbytère) située sur la place publique sur la grand route ; elle est au centre de la commune ;
Solliès-Pont : sur la grand-place, au centre du village, dans l’épaisseur du mur de la maison du directeur (de la poste) ;
Solliès-Toucas : en saillie au centre de la commune sur une maison particulière en face d’une statue et contre une muraille ;
Solliès-Ville : dans l’épaisseur du mur d’une maison particulière sur la place au centre du village (fig. 21).

fig 21

Fig. 21 : Les restes de la boite rurale de 1830 de Solliès-Ville en août 2014.

Enquête de l’Administration des Postes en novembre 1847

Courrier adressé à la commune pendant 14 jours
Lettres extérieures Lettres locales Journaux Imprimés Lettres pour les fonctionnaires publics
 Belgentier 69 2 27 5 12
 La Farlède 67 46 10 15
 Solliès-Toucas 52 8 34 4 5
 Solliès-Ville 39 43 2 5
Courrier envoyé par la commune pendant 14 jours
Lettres extérieures Lettres locales Journaux Imprimés Lettres pour les fonctionnaires publics
 Belgentier 37 5
 La Farlède 24 8
 Solliès-Toucas 35 1 11
 Solliès-Ville 10 6

 

Courrier par an et par habitant
(à l’exception des journaux, imprimés et du courrier pour les fonctionnaires)
Population Lettres reçues par an
et par habitant
Lettres envoyées par an
et par habitant
Taxe moyenne
d'une lettre reçue
 Belgentier 1140  1,62  0,84 0,24 franc
 La Farlède 985  1,77 0,63 0,37 franc
 Solliès-Toucas 1266 1,29 0,74 0,33 franc
 Solliès-Ville 814  1,28  0,32 0,39 franc
Pour l’ensemble des communes rurales du Var, la moyenne est :
- Pour les lettres en arrivée 1,52 lettre par an et par habitant (pour la France : 1,64) ;
- Pour les lettres envoyées : 0,92 lettres par an et par habitant (pour la France 0,75).
Quant à la taxe moyenne d’une lettre reçue elle est de 0,365 franc (0,325 en France).

La poste ferroviaire

Pour terminer cette étude sur la Poste aux lettres au pays des Solliès, il faut parler de la poste ferroviaire. Après l’ouverture de la ligne Marseille – Aubagne le 20 octobre 1858, cette ligne est prolongée jusqu’aux Arcs le 1er septembre 1862 (fig. 26) puis le 10 avril 1863 jusqu’à Cagnes (station Vence-Cagnes.) Le 18 octobre 1864, le tronçon Les Arcs - Draguignan est mis en service ; le même jour la ligne est prolongée depuis Cagnes jusqu’à Nice.
On aura ensuite ouverture de la ligne entre Nice et Monaco le 9 octobre 1868, prolongation entre Monaco et Menton le 6 décembre 1869 et enfin le 18 mars 1872, ouverture de la ligne entre Menton et Vintimille, faisant la jonction avec la ligne de la côte ligure ouverte deux mois plus tôt, le 25 janvier 1872. La gare de Solliès-Pont est munie d’une boîte aux lettres (fig. 27) (payée par la municipalité) et relevée au passage du train par le courrier convoyeur. Celui-ci appose son timbre identificateur sur le courrier.
On connait les timbres suivants pour Solliès :
— ligne Draguignan – Marseille (et retour) ;
— ligne Marseille – Nice (et retour) ;
— ligne Marseille – Menton (et retour) (fig. 28) ;
— ligne Marseille – Vintimille (et retour.)
Ils existent entre 1867 et 1879.
À noter que bien qu’il y ait une gare à La Farlède, on ne connait pas de timbre relatif à cette gare (absence de boîte).
Gare de Solliès-Pont

Fig. 26 : La gare de Solliès-Pont en mars 1913.

Boite à lettre, gare de Solliès-Pont

Fig. 27 : Boite aux lettres sur la façade sud de la gare de Solliès-Pont.

fig. 27

Fig. 28 : Pli du convoyeur-station de Solliès-Pont, 20 avril 1872.

La poste de nos jours

Le bureau de Solliès-Pont (fig. 29) est l’un des trois cent cinquante bureaux de poste équipés au 1er janvier 2015 de nouveaux services, d’espace « Préparez vous-même vos envois » et de nouveaux automates.

Bureau de Poste Solliès-Pont

Fig. 29 : Solliès-Pont, le bureau de poste en 2015.

 Textes Alain TRINQUIER    Novembre 2014    Illustrations Pascal Yves GRUÉ  

Correspondance de Joseph, Apollinaire SIMON

(1836-1924) avec Frédéric DOLLIEULE

Joseph, Apollinaire Simon (menuisier à Solliès-Pont) fut le correspondant de Frédéric Dollieule (1848-1932), magistrat au Tribunal civil de Marseille, pour les recherches dans les archives municipales de Solliès-Pont et Solliès-Ville, les informations locales et la gestion des affaires courantes.
Correspondant du Soleil du Midi, quotidien de Marseille.

Frédéric, Aimé, Marie, Félix Dollieule est né le 7 novembre 1848 et est décédé le 9 novembre 1932, à Solliès-Pont au 30, rue de l'Hôtel de Ville, âgé de quatre-vingt-quatre ans. Il fut marié à Eugénie Céaly. Fils de Joseph, Auguste, Antoine Dollieule, notaire (1837-1850), et de Louise de Magallon et neveu de Jacques Philémon.
Il fut magistrat au tribunal civil de Marseille, avant 1882 au 77, rue Breteuil, membre correspondant de la Société d'étude de Draguignan.
À partir de 1882, il récupère les notes et les manuscrits de son oncle Philémon et collationne tous documents ­­– manuscrits, imprimés, archives (privées et publiques) ­­– se rapportant à l'historique de Solliès. En 1930, à partir de ces documents, il rédige une monographie restée manuscrite intitulée : Solliès, de ses origines au XVIe siècle.
Cette œuvre a servi à Paul Maurel pour écrire : La vie tourmentée d'une commune à travers les âges, Toulon, 1936.

 

Auteur de :
Antoine Arène poète macaronique et jurisconsulte, sa vie et ses œuvres  - Marseille, 1886, 79 p.
Francois-Joseph Pey, martyr pour la foi Toulon, 1927, 46 p.

Frédéric Dollieule, été 1924

Frédéric Dollieule, été 1924.

Inscription funéraire de l'époque romaine

à Solliès-Pont (Var)

 

Pierres gravées, latin

Localisation : confidentiel
Propriétaire : confidentiel

Rapport

Écomusée de la vallée du Gapeau
M. Pascal Yves GRUÉ
ecomuseegapeau@icloud.com

Historique

Blocs de pierres gravées et sculptées puis réutilisés ultérieurement sur un canal de fuite comme martellières. Après destruction du canal ces deux blocs ont été déplacés il y a trente ans pour servir de banc ou « assèti » sous un arbre.

L’inscription (aujourd’hui en partie retrouvée) servait de martellière dans le moulin :
Manius Otacilius Onesimus / sibi et Otaciliae Philonicae / uxori optimae Valeriae Sextil / liae et Otaciliae Proculae / v(ivus) f(ecit) :

« Manius Otacilius Onesimus, de son vivant, a élevé (ce monument) pour lui-même et pour Otacilia Philonica, son épouse très bonne, pour Valerie Sextilia et pour Otacilia Procula. »
Il s’agit probablement d’un couple d’affranchis du même propriétaire.

Description :

Deux blocs calcaires ; un grand bloc de 1,43 x 0,44 x 0,30 m = 490 kg, à deux parements avec deux lignes incomplètes de lettres gravées en creux, une rainure a détruit une ligne de texte, un socle et deux moulures.

moulure / V X O R I   O P T I M A E   V A L E R S
SON ÉPOUSE TRÈS BONNE, POUR VALÉRIE SEXTILIA

Inscription funéraire : Valérie Sextilia.

Un autre bloc calcaire de 0,96 x 0,27 x 0,31 m, avec un retour de 0,46 m = 280 kg, à deux parements avec une ligne incomplète de lettres gravées en creux, une rainure, un socle et une moulure.

Inscription funéraire, MANIUS OTACILIUS.

Après retournement on peut lire : MANIUS OTACILIUS

Inscription funéraire, MANIUS OTACILIUS.

Bibliographie

La  Carte archéologique de la Gaule, 1999, ISBN : 2-87754-064-2, le Var 83/2, p. 743, § 13* indique :
(8150) Au moulin de Saporta, inscription funéraire de l’époque romaine :
— N. Jules Raymond de Solier, 1564-1579, p. 49 ;
— Honoré Bouche, 1664, tome I, p. 339 (1) ;
— Gustave de Bonstetten, 1873, p. 33 ;
— C.I.L., XII, n° 320.

(1) Dans « LA CHOROGRAPHIE OV DESCRIPTION DE PROVENCE ET L'HISTOIRE CHRONOLOGIQUE DU MESME PAYS, », par le sieur Honoré BOVCHE, docteur en Théologie, A.P.D.S.I, tome I, livre IV, chapitre IV, § III, in f°, 1664, p. 339.