Archives mensuelles: août 2020

Meygra Entrepriza… 1537, Louison-Lassabliere.

 
Auteur : ARENA Antonius

Texte établi, traduit, annoté et commenté par :
Marie-Joëlle Louison-Lassablière

Éditeur : Éditions Honoré Champion, édition bilingue

Ville : Paris

Année : 2020

Pages : 249 p.

ISBN : 978-2-7453-5273-6

Un Solliès-Pontois ami de Frédéric Mistral :

Célestin Sénès, dit
La Sinso

(d’après une étude de Roseline Martano, que nous remercions).
Célestin Sénès
Célestin Sénès est né le 3 février 1827 à Solliès-Pont, au no 91, de la rue Royale (actuelle rue de la République). Une plaque rappelle aux passants cet évènement.
Son père Jean-Baptiste Sénès (Solliès-Pont, 1784-1855) tenait une boulangerie ; sa mère, Rose-Victoire Gueit (Solliès-Pont, 1791-1867), se trouvait également être fille de boulanger.
De leur mariage célébré en 1817 naquirent quatre enfants : Madeleine (1817), Joseph (1820), Louis (1823) et notre Célestin.
Plaque La Since. « DANS CETTE MAISON EST NÉ LE 3 FÉVRIER 1827 SÈNÈS J-BTE CÉLESTIN DIT LA SINCE ÉCRIVAIN PROVENÇAL »
Le futur La Sinso se tourna d’abord vers les ordres. Il eut pour maître l’abbé Joseph-Charles Terrin (Solliès-Pont, 1792-1872), homme de lettres, historien de la Provence, théologien et philosophe. Puis ce fut le départ pour le petit séminaire de Brignoles... mais Célestin n’avait pas la vocation ! Ne supportant pas de rester enfermé, épris de liberté, il semblait plus enclin à faire l’école buissonnière qu’à suivre des études. Envoyé alors au collège de Toulon, situé à cette époque au 96, du cours Lafayette, il y achèvera ses humanités. Tenté un moment par des études de médecine, il dut abandonner le bistouri car, de nature sensible, on raconte qu’il ne supportait pas la vue du sang ; en 1844 il entra alors dans l’administration de la Marine.
Lors d’un séjour de dix ans à Alger, le journal républicain L’Algérie lui ouvrit ses colonnes ; c’était pour lui le début de sa vie littéraire.
Entré à l’Académie du Var en 1869, il fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1880. À côté de sa carrière professionnelle, Sénès se consacrait au journalisme et à la littérature, signant ses articles du nom de La Sinse (La Sinso en provençal).
Ses publications, provençales ou françaises :
Lou Teatre de Besagno ;
Lei Mesquins, gagno-pichoun e mestierau moudèste ;
Les aventures du Sire de Canto-Grillet ;
Les sobriquets ;
Les animaux ne sont pas bêtes ;
Moulusque e Cruvelu ;
Le siège de Toulon en 1793 ;
Un pin fa un pin ;
Une consultation chez la baile ;
Provence, vieilles mœurs, vieilles coutumes.
Mais son œuvre majeure reste sans conteste les Scènes de la Vie Provençale parues en 1874, composées de 34 chapitres qui sont autant de vivants et pittoresques tableaux de la vie populaire de cette fin de XIXsiècle à Toulon. Quelques années plus tard, Mistral lui décernera le prix de la prose provençale lors de la Santo-Estello organisée à Hyères en 1885.
Scènes de la vie provençale, par C. Sénès dit La Since
Félibre, notre auteur va écrire en avril 1881 à Frédéric Mistral, lui offrant un exemplaire de son ouvrage. S’ouvre alors une longue et amicale correspondance entre les deux hommes, qui ne se terminera qu’à la fin de 1904, à peu près au moment où Mistral, au zénith de sa renommée, se verra remettre le prix Nobel de littérature.
La Sinso, très attaché à la langue de Provence, défendra jusqu’au bout son cher parler toulonnais, conscient de ce qu’il constituait le meilleur moyen de toucher les gens, de les déculpabiliser de parler le provençal et le français populaire de notre région.
Sentant la fin de sa vie proche, il envoie ce qui devait être sa dernière lettre à Mistral avec ces quelques mots d’amitié où l’on découvre qu’il tutoyait le poète : « Adiou, moun beou é la bouano saru, à tu, à la vido à la mouart ! » (Adieu, mon beau, salut à toi, à la vie à la mort !)

Deux jours après le décès de Célestin Sénès, survenu le 19 janvier 1907, Mistral écrit à sa veuve :

« Chère Madame,

Nous prenons, ma femme et moi, une part des plus vives au grand deuil qui vient de vous frapper en la personne de mon excellent ami La Sinso, dont j’appréciais de longue date les qualités de cœur autant que celles de l’esprit. Le fidèle Provençal que fut La Sinse a stéréotypé, dans un genre qu’il créa, la bonhomie originale des braves gens du peuple qui vivent notre langue en toute naïveté. Ses recueils d’observations, cueillies à fleur de foule avec un art très personnel, resteront comme des médailles frappées en l’honneur du peuple, de ce bon peuple de Toulon qu’il connaissait mieux que personne.

Je vous prie d’agréer, Madame, l’expression affectueuse de nos condoléances. »

Frédéric Mistral

Depuis le 21 mai 1978, la voie qui longe l’école Émile Astoin entre le quartier de la gare et le Gapeau est dénommée avenue de La Sinse, inscrivant ainsi dans l’espace le souvenir de cet illustre enfant de Solliès-Pont.
La Sinse, lettre légion d’honneur

Lettre de La Sinse  du 7 mars 1889 ; réclamation auprès du grand chancelier de la Légion d’honneur.
Ministère de la Culture — fond Léonore.