Recette pour se guérir du choléra

Recette pour se guérir du choléra

 

Recette transcrite par Philémon Dollieule (1817-1881, maire de Solliès-Pont en 1874, officier de Marine, officier de la Légion d’Honneur, (L'ermitage Sainte-Christine de la paroisse de Solliès-Pont, Var) pour se guérir du choléra. Épidémie qui débuta à Solliès-Pont le 26 septembre 1865 et fait cent cinq morts en neuf jours. (Le recensement de 1861 compte alors 2961 habitants.)

Prenez une petite poignée de camomille romaine et autant de feuille de menthe poivrée, faites bouillir cinq minutes dans un litre d’eau ; passez avec pression – Prenez, pour un homme un bol ordinaire de votre infusion bouillante en y ajoutant une cuillerée à bouche de sure et faites boire ce mélange le plus chaud possible ; environ ¾ d’heure après, répétez la même dose ; ne donnez rien à boire au malade entre les deux doses du remède, mais seulement une heure après la dernière dose. Faites tout votre possible pour réchauffer le malade au moyen de couverture ; s’il désire se découvrir sous prétexte qu’il est brulant, couvrez-le malgré lui ; faites de la tisane avec du tilleul, ou camomille romaine, ou menthe poivrée en y ajoutant du sure,  faites boire tiède.

 

Camomille romaine
Menthe poivrée, illustration ancienne

Camomille romaine.

Menthe poivrée.

Lorsque le malade se plaint beaucoup de l’estomac, faites lui prendre de la thériaque de la grosseur d’une petite noisette, dans deux travers de doigt de vin rouge chaud, quand la réaction sera rétablie, soulagez le malade en diminuant le nombre des couvertures. Dans le cas où le malade se plaindrait de maux de tête, faites des sinapismes au gras des jambes avec de la farine de lin soupoudrée de moutarde en attendant que l’infusion soit préparée, on mettra sur le corps, principalement sur l’estomac des linges bien chauds, qu’on appliquera plus, une fois la première dose prise, afin de laisser le malade tranquille et faciliter ainsi la réaction qui n’arrivera quelques fois qu’après la deuxième dose.

Pot à thériaque.

Pot à thériaque.

On ne devra pas s’inquiéter des vomissements, ils disparaissent à la deuxième dose. Quand un malade n’a pris aucun remède on est sur d’obtenir un bon résultat en se conformant aux indications ci-dessus.
Moyen d’employer cette recette suivant le degré de la maladie si elle n’est qu’à son début, prendre deux bols de cette infusion en mettant trois quart d’heure d’intervalle de l’un à l’autre ; une heure après le malade est guéri.
Si elle présente un caractère plus grave même infusion mais trois bols au lieu de deux, en y ajoutant ; à chaque bol une cuillerée de rhum ou d’eau de vie ; en mettant demi heure d’intervalle de l’un à l’autre, guérison au bout de deux heures.

La maladie arrivée au degré le plus avancée, même infusion, deux cuillerées de rhum ou d’eau de vie et en donner un bol à chaque quart d’heure, jusqu’à ce que la réaction soit rétablie, guérison au bout de quatre heures. La convalescence varie de dix à vingt jours suivant le tempérament du malade.
Si le choléra venait à atteindre des personnes déjà atteintes d’une maladie ce traitement peut aussi être employé avec succès ; mais dans ce cas on devra donner une infusion plus légère et supprimer le rhum. Si par imprudence, on donnait à boire froid, le malade retomberait dans son état primitif ; en ce cas on recommencerait le traitement en se conformant à tous les détails indiqués dans la recette.
Pour obtenir un bon résultat, il est de toute nécessité de n’employer pour les infusions que des simples de bonne qualité.

Les personnes qui voudront faire usage de ce remède doivent se procurer les objets désignés ci-dessus, pour pouvoir les appliquer dés le début de la maladie et empêcher ainsi son développement.

 

 

 

Bibliothèque : L'ermitage Sainte-Christine de la paroisse de Solliès-Pont, Var