Le grand orgue Joseph Callinet
de l'église Saint-Jean-Baptiste, Solliès-Pont
Joseph Callinet, 1795-1857
Né à Dijon, le 15 novembre 1795, il est l’ainé des enfants de François Callinet, facteur d’orgues, et de Marguerite Rabiny, fille de facteur d’orgues. Il apprend le métier auprès de son père. En 1820, François s’éteint à Rouffach, Joseph reprend alors l’entreprise et termine la formation de son frère cadet Claude-Ignace. En 1823, Joseph épouse Eugénie Sartory à Huningue.
Les deux frères travaillent alors dans le même atelier, mais sous leurs noms propres. Joseph signe « Callinet aîné » et Claude-Ignace « Callinet cadet ».
En 1837, les frères s’associent, l’entreprise occupe alors entre trente et quarante ouvriers. En 1843, ils se séparent comme ils s’étaient associés : verbalement, et sans aucun acte dressé. Fruit de cette florissante période, une quarantaine d’instruments neufs et quelques restaurations dont l’orgue monumental de Masevaux (1842).
En 1844, il rencontre à Lutter (68), Aristide Cavaillé-Coll qui deviendra un ami.
Un an plus tard, Joseph Callinet, qui traînait sa paralysie depuis cinq ans, décède le 13 juillet 1857 à 61 ans.
Il repose dans le cimetière de Rouffach.
L’orgue restauré
Lorsqu’on regarde un orgue, le regard est d’abord attiré par des tuyaux en métal accrochés à un grand meuble en bois. Les tuyaux de façade appartiennent au jeu dit de la « Montre » tout simplement parce qu’ils sont visibles (montrés) à l’auditeur. Le meuble en bois, ici presque entièrement en sapin plaqué de chêne est dénommé « buffet ». Suivant les époques, le buffet est plus ou moins ouvragé. Le bois employé est très varié : chêne, ébène, poirier, sapin, tilleul…
Cette première vision ne permet d’appréhender qu’une petite partie de l’instrument. L’orgue Callinet de Solliès-Pont comprend 22 jeux et 1390 tuyaux : 64 sont en bois et 1326 en métal dont 28 « chanoines » (tuyaux décoratifs en façade).
Organe sonore de l’orgue, les tuyaux sont en métal ou en bois. Le métal est un alliage d’étain et de plomb. La majorité d’entre eux est à 95 % d’étain. Les tuyaux en bois, de section rectangulaire, sont en sapin et peints. Tous les tuyaux ont été « ausculté » un par un.
Il existe deux grandes catégories de tuyaux :
- les tuyaux à bouche ;
- les tuyaux à anche.
Les tuyaux à bouche sont en métal ou en bois, ouverts ou fermés dans le haut, de taille large ou étroite, mais toujours, comme un pipeau de roseau, avec une entaille appelée « bouche ».
Le son du tuyau à anche est produit par la vibration d’une « languette » comme dans un harmonica. Les anches sont réservées aux jeux de trompette, clairon, hautbois, basson, chalumeau, voix humaine, cromorne (terme utilisé au milieu du XVIIe siècle pour désigner, en France, un nouveau type de hautbois construit en plusieurs sections emboîtables)…
La console
Définie par Norbert Dufourcq comme le « moteur » de l’instrument, la console abrite les claviers manuels, le pédalier, les tirants des différents jeux et toutes les commandes nécessaires à l’organiste pour tirer le meilleur des sonorités de l’orgue.
À chaque clavier correspond un plan sonore.
Les claviers
Le « Récit » (clavier supérieur) comprend 42 notes et 7 jeux.
Le « Grand Orgue » (clavier inférieur) comprend 54 notes et 15 jeux.
Le pédalier ne possède pas de jeux indépendants. Il joue en « tirasse » permanente avec le Grand Orgue.
L’accouplement entre les deux claviers manuels est dit à « tiroir » par le glissement du clavier supérieur sur le clavier inférieur. Cette manipulation se fait à l’aide d’un tirant à gauche des claviers.
Les registres ou jeux
Ils sont mis en action par des tirants en bois placés à droite et à gauche des claviers. Les volets de la boite expressive sont actionnés par un tirant à droite (et non par une pédale basculante comme le plus souvent).
Au pédalier, deux « cuillères » (pédales métalliques) permettent d’appeler ou de repousser le « grand jeu ».
Un jeu est formé par une série de tuyaux de même caractéristiques. Les jeux diffèrent par : la hauteur, le timbre, l’intensité.
Schématiquement, les tuyaux sont « plantés » sur une caisse étanche appelée « sommier ». Le sommier est principalement composé d’un réservoir : la « laye », remplie d’air comprimé amené du soufflet par un conduit appelé « porte-vent ». En ouvrant la soupape, l’air entre dans le tuyau qui met à « chanter ».
L’ensemble de la machinerie qui permet de transformer le toucher du doigt sur une touche en l’ouverture d’une soupape sous le tuyau choisi s’appelle « mécanique de traction » (traction parce qu’il s’agit, in fine, de tirer sur une soupape). Vergettes, rouleaux d’abrégé, pilotes, écrous, boursettes, soupapes, ressorts, esse… sont autant de pièces qui participent à cette traction.
L’orgue a retrouvé sa place initiale sur l’avant de la tribune. Cela a permis de replacer la soufflerie entre l’arrière de l’instrument et le mur de façade de l’église.
Toute la mécanique a fait l’objet d’une révision complète. Les pièces défectueuses ont été réparées ou refaites à l’identique.
La nef, vue de l'intérieur de l'orgue, au travers des vergettes.
Composition de l’orgue
Grand orgue 54 touches Bourdon 8’
Bourdon 16’
Doublette 2’
Dulciana 8’
Montre 8’ Clairon 4’
Flûte traverse 8’ Bourdon 8’
Trompette 8’
Prestant 4’
Gambe 8’
Cromorne 8’
Hautbois 8’
Flûte traverse 8’
Basse de Basson 8’
Trompette 8’
Prestant 4’
Dessus de Chalumeau 8’
Voix humaine 8’
Flûte 4’
Dessus de Cornet 5 rangs
Fourniture 5 rangs
Pédale 30 marches
Tirasse permanente du Grand Orgue
(laye séparée)
C1 | C2 | F2 | C3 | C#3 | G3 | C#4 | F4 | Bd4 | C5 |
1 1/3 | 2 2/3 | 4 | 5 1/3 | ||||||
1 | 1 1/3 | 2 | 4 | ||||||
2/3 | 1 | 1 1/3 | 2 | 2 2/3 | 4 | ||||
1/2 | 1 | 1 1/3 | 2 | 2 2/3 | |||||
1/3 | 2/3 | 1 | 1 1/3 | 2 | 2 2/3 |