Parcours n° 3

 

 

 

    Le hameau des Laugiers
    et la chapelle Saint-Roch

3-13

« Laugier » est le nom patronymique des premiers habitants de ces bastides installées sur les bords du vallat Cubertis (en 1566, il existe dans la communauté de Solliès trente et un chefs de famille, dont deux femmes, et en 1432, quatre chefs de famille siègent dans l’assemblée communautaire).

La chapelle rurale a douze mètres cinquante de long, cinq de large, sur sept mètres de haut avec des fondations de un mètre cinquante, nef unique à deux travées, à voûte d’arêtes et une abside en cul-de-four.
Elle est éclairée par une imposte cintrée au-dessus de la porte d’entrée – à deux battants – ouverte sur le mur pignon ouest et une baie verticale cintrée, ébrasée intérieurement, munie de vitrail sur chaque mur gouttereau, ouverte dans la deuxième travée.

Élevée en 1642 par maître Balthazar Laugier, avocat au parlement de Provence, pour sa mère Magdeleine Laugier, atteinte de la peste et qui en guérit en 1640, elle a été agrandie en 1708 d’une sacristie qui s’ouvre par une porte basse dans l’abside.

Les Laugiers chapelle Saint-Roch Solliès-Pont

En mars 1727, l’évêque de Toulon rend une ordonnance qui transfère le service de l’ancienne chapelle Sainte-Maxime (Sainte-Maïsse) dans cette chapelle. Maître Jean-Baptiste Laugier, fils de Jean Laugier, avocat, fait recrépir, plafonner, carreler et blanchir tout l’intérieur de la chapelle en 1779. Le dernier membre de cette famille en 1809 donne la chapelle à la fabrique paroissiale de Solliès-Pont.
Les habitants du quartier des Laugiers décident d’agrandir la chapelle en 1893.

Le clocher pignon abrite une cloche de Pascal Azan (fondeur à Toulon) d’un diamètre de quarante-trois centimètres avec l’inscription :

SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM L’AN 1828

Sur la façade sud, une tuile saillante a permis à des générations de jeunes filles de réaliser leur vœu :

« Saint Roch, aidez-moi à trouver un fiancé »

Tuile saillante à l'extérieur de la chapelle Saint-Roch, détentrice d'une légende.

 

 

La chapelle rurale Sainte-Christine
et la chapelle romane,
dite oratoire de Saint-Maur

3-12

Une tradition fixe la fondation de cette chapelle rurale vers le XIe siècle. Située à 3,5 kilomètres au nord de Solliès-Pont et à 249 m d’altitude. C’est, dans son état original, une courte nef voutée avec une abside en cul-de-four.
Le premier agrandissement médiéval est opéré par la destruction du mur ouest et le prolongement des murs nord et sud. La couverture de l’agrandissement est un voûtement, plus haut que celui de la première chapelle. Un autre agrandissement prolonge vers l’extérieur les murs sud et nord, avec une couverture charpentée. Une dernière transformation en 1865 a consisté à prolonger la chapelle, toujours vers l’ouest, en y adjoignant au sud le clocher.
Une cloche de 1818 est fondue par Baudoin, de Marseille. Elle remplace une cloche baptisée le 15 juillet 1577 et descendue en 1793.

Chapelle Sainte-Christine, cloche dans son clocher.

Cloche de 0,47 m de haut, 0,56 m de diamètre, et 102 kg, offerte par Monsieur P. Terrin de retour d’émigration.

Chapelle Sainte-Christine Solliès-Pont

L’abside enchâssée dans la chapelle est en cul-de-four, le dallage du sol a été reconstitué en pierre en opus incertum, sauf la partie du bassin ou silo, découvert en 1994, qui reprend les pierres de sa margelle ancienne, de 0,65 m de diamètre et 0,70 m de profondeur en forme de jarre.
Le bâtiment de l’ermitage est à droite de la chapelle et la chapelle Sainte-Christine de Cuers juste derrière avec sa limite séparative d’une coudée. De nombreux ermites entre le XVIIe et le XIXsiècle ont occupé le bâtiment, entretenu les lieux et accueilli le pèlerin.
En mai 1793, l’autel et les boiseries sont envoyés au chef-lieu du district pour être vendus et en 1798 l’ermitage est pillé et brûlé.
Philémon Dollieule publie en 1882 une notice historique L’ermitage de Sainte-Christine de la paroisse de Solliès-Pont (Var), de 59 pages, tirée à cinq cents exemplaires.

 

 

Le canal des Terrins
et le barrage de Seyrol

3-11

 

Le canal des Terrins
Quartier rural de Solliès,
situé entre le chemin
allant à Cuers et le vallat Cubertis.

En 1566, il existe douze chefs de famille avec le
patronyme « Terrin ».

La surface des terres arrosables du canal des Terrins en 1844 est de soixante-cinq hectares.

Seyrol et Terins

Entrée du canal des Terrins, avec sa martellière et son moulin en 1906.

Seyrol et Terins

 

Le barrage de Seyrol

Dénommé autrefois « resclause de Madame» ancienne dénomination provençale de barrage.
En 1741, le canal de la Serre d’eau faisait tourner le moulin à huile ; auparavant, il actionnait une « scie d’eau ».

Sur la rive droite, le canal qu’il alimente ne sert qu’à la tannerie Boyer.

 

 

Le pont de la Serre
et le barrage du Capellan

3-10

En 1765, Jean Ardouin (maître fontainier à Toulon) lance la construction – sur ses plans – d’un pont à la Serre, pour la « conduite des eaux (de la Vieille source) jusqu’au quartier Notre-Dame ».

Le pont, mal construit, sera refait sur les conseils et plans du sieur Vallon (ingénieur), avec cintre de plus grande hauteur et les deux semelles en pierre dure de qualité.

La reconstruction est effectuée par les mêmes commanditaires et maçons, que le premier pont en tuf, mais au lieu d’être achevé en juillet, ils ont fait à peine l’arête le 6 novembre 1768.

Il faudra un procès en dommage-intérêts pour finalement le réceptionner.

Le moulin à huile, Charles Gensolen.

Barrage du Capellan, Solliès-Pont
Barrage des Capellans, (carte postale de 1999). 800 x 514.
Pont de la Serre. (Dynamité le 17 août 1944 par les troupes d’occupation en retraite, lors de la libération de la ville, puis reconstruit en 1945.)

Barrage et la prise alimentant le moulin.

Cet ouvrage a été construit par un particulier, pour actionner – sur la rive droite – son moulin à huile alors attenant au barrage et aujourd’hui disparu.

 

 

 Le canal de l'Enclos

3-9

Jean, André Floquet (1699-1771), originaire de Cadenet, (Vaucluse) architecte, ingénieur hydraulique à Aix-en-Provence, fut chargé par ordonnance du parlement de Provence en novembre 1740 d'établir un rapport concernant le procès entre les syndics des arrosants des quartiers de Sarraire, de la Tourre et de Cadouire et messire Jean d'Artuard de Mur, chevalier des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Beaulieu, contre les frères Blin et les syndics des arrosant des quartiers des Sauvans.

 Il décrit avec précision tout le tracé de ce canal ou béal dérivé du barrage dit « de Monsieur », et désigne l’ancien canal de l’Enclos en ces termes :
« Dans la longueur totale de près de quatre cents toises du cours de ce canal dans le parc, depuis la prise des eaux jusqu'au moulin des Chevilles, nous avons trouvé du côté du levant du Béal, outre la prise des eaux des Terrins, une martellière ou rigole d'arrosage à environ soixante-dix cannes après qui devient presque inutile par sa situation, et sa mauvaise construction. »

La bugade, canal de l'Enclos

La surface des terres arrosables du canal de l’Enclos, du château et des jardins est de trente-neuf hectares en 1844.

Le canal est dénommé « Grand béal de l'Enclos » et a servi à certaines étapes de la bugade : le rinçage, séchage et le ravaudage du linge.

 

 

Le barrage de Monsieur

3-8

En fonction des différents propriétaires fonciers, ce barrage ou resclause — ancienne dénomination provençale de barrage – a été successivement dénommé : « de l’Évesque ; de la Vaquière ; des Martins ; des moulins de Monsieur ».

Il alimente, sur la rive gauche, depuis le XIIIe siècle, le canal de l’Enclos et achemine les eaux vers tous les moulins de la ville.

Barrage des Messieurs

En outre, il permet l’irrigation – à la sortie du moulin des Chevilles, par le canal de la Miséricorde vers les Carcès, le canal de Sarraire et le canal des Lices vers les Fillols, les Trois-Pierres et les Laugiers – de quatre cent dix hectares de terres agricoles.

 

 

Le hameau des Sénès
la chapelle Saint-Jacques
et Saint-Philippe

3-7

Sénès, c’était le nom d’un ancien évêché des Basses-Alpes. En 1566 on dénombre cinquante-six chefs de famille portant ce patronyme, dont quatre femmes, mais en 1432 seuls trois chefs de famille sont présents à la réunion communautaire.
La chapelle rurale Saint-Jacques et Saint-Philippe, à nef unique et deux travées, à voûtes d'arêtes avec arcs-doubleaux et une abside plate, mesure quatre mètres soixante de large et douze de long. L'entrée est une porte cintrée et le carrelage est constitué de carreaux pans carrés en terre cuite.
Lors de la fondation en 1668, les habitants du hameau promettent au nom de « l'amour de Notre-Dame, de saint Jacques et de saint Philippe » selon leurs moyens, des sommes allant de quatre à vingt-deux livres.

Les habitants réunis en assemblée en 1697 en exécution de l'ordonnance synodale du 21 avril 1691 fondent l'œuvre de la Miséricorde, administrée par deux hommes dénommés « prieurs de la miséricorde », et deux femmes dénommées « prieuresses – ou dames de la charité ». Ils sont élus pour deux ans, leurs mandats sont renouvelés par moitié tous les ans, un troisième prieur est élu en 1750 comme prieur de Saint-Siriès ou Saint-Cyr (2 mai), desservant de l'autel éponyme.

Sénès et chapelle
Chapelle Saint-Jacques des Sénès, l'autel.

La Chapelle Saint-Jacques et Saint-Philippe.

De nombreuses inhumations ont lieu dans le caveau de la chapelle (situé en rentrant à droite) depuis 1675 jusqu'en 1755. Un droit de douze sols pesait sur chaque enterrement pour la chapelle. (BMS, archives Solliès-Pont.)

1755 Décès d‘Antoine Arène, Solliès-Pont?

Copie de l'acte de sépulture d'Antoine Arène. (A. D. Solliès-Pont BMS).

Un four banal, attenant à la chapelle, est vendu en 1795 par le recteur de la chapelle pour cent cinquante livres en assignats. Dès 1813 et jusqu'en 1911 ce four est loué par fermage.

Également : portes du XVIIe siècle, un puits communal et en sortant de la place avant le porche, une marque de Compagnon maçon.

 

 

         Le moulin des Sénès

3-6

Le cadastre d’avril 1813 dénombre six moulins dans le bourg ou les faubourgs, dont deux à une meule et quatre à deux meules, que l’eau fait mouvoir avec plus ou moins de force.
Il en existe un septième au hameau des Sénès.
Il n’a qu’une meule que des mulets font tourner et son produit en est bien différent par les frais qu’il entraîne.

Ce qui fait la différence dans les évaluations, c’est d’abord le nombre de meules, ensuite la chute d’eau plus ou moins forte, l’abondance et la quantité d’heures de ces eaux ou enfin la qualité de l’engin.

Moulin des Sénès

Vestiges du moulin conservés dans la salle de réunion de la Communauté de communes de la vallée du Gapeau.

Il faut savoir que le détritage se fait avec beaucoup d’économie et de soins, d’autant plus que contrairement à l’usage de beaucoup d’autres communes, celui qui porte les olives au moulin choisit ses hommes pour surveiller ses intérêts et faire de la bonne besogne.

Le moulin à huile comprend :
une meule verticale tournante dans une auge circulaire ou dormante. (Sans chute d’eau suffisante, elle était actionnée par des mulets, d’où son nom de moulin à sang) ;
une ou plusieurs presses ou chapelles – construites en pierres taillées – surmontées d’un mur de force ;
de nombreux couffins en sparterie appelés des scourtins ;
plusieurs bassins de décantation montés en cascade.

L’eau et l’huile par différence de densité se séparent, l’huile est récupérée en surface par le maître moulinier et mise en jarre où elle continue une décantation naturelle. Et finalement le produit est filtré pour obtenir une huile vierge extraite à froid.

Aux sorties des bassins de décantation, les eaux grasses se jettent dans les enfers. Cette huile provenant des enfers avait des usages industriels (savonneries) et domestiques (huile lampante.)

On dénombre en 1850, onze moulins dont un à recense.
 

 

 
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Le pont de Pey

3-5

Monsieur Victor Pey fait construire en 1860 un pont au quartier des Sénès sur ses terres pour ses besoins industriels (fabrique de chaux).

La construction, sur le territoire de la commune de Solliès-Toucas, d’un poste de transformation EDF de 63/20 kV, impose la reconstruction du pont pour obtenir une largeur de six mètres utiles.

D’une charge de trente-quatre tonnes, le nouveau pont mesure quatre mètres de haut et à un tablier droit en béton armé.

Ce projet en date de mars 1989 et autorisé par arrêté préfectoral du 4 novembre 1990, est fini en octobre 1991.

Pont de Pey. Solliès

 

 

         Le barrage des Piquets

3-4

Le 4 septembre 1712, il est rapporté : « Le torrent de la rivière avait emporté l’ancienne écluze et le canal ». Les arrosants de l’écluse dite « de l’Évesque » votent une imposition d’environ mille cinq cents livres pour payer les dettes du quartier « et préférablement ceux dans les fonds desquels le nouveau canal passe dans leurs terres ».

Barrage des Piquets

Le barrage était construit en piquets et fascines. Pour mettre fin aux disputes et aux violences on proposa aux syndicats intéressés de faire mesurer par experts le volume d’eau qui devait normalement passer à travers le barrage en fascines et, la constatation faite, construire un barrage en maçonnerie disposé de façon à donner à chaque partie la quantité d’eau qui devait lui revenir.

 Ces propositions ayant été acceptées, des experts constatèrent que les quatre cinquièmes de l’eau retenue par le barrage filtraient à travers la digue : un cinquième seulement entrait dans le canal de la Ferrage. Les arrosants inférieurs consentirent à porter aux vingt-deux centièmes la part à attribuer au syndicat de la Ferrage. Un arrêté du préfet du Var, du 11 décembre 1879, consacra cet accord.

Actuellement, cet accord est toujours en vigueur

 

 

         Le canal de la Ferrage

3-2

Le canal de la Ferrage prend son origine au barrage des Piquets qui était à l’origine en pieux et fascines* puis reconstruit en pierre en 1886 grâce à l’autorisation préfectorale, avec réserve de laisser passer les quatre cinquièmes de l’eau qui coule dans le fleuve.

Le canal de la Ferrage arrose tout le quartier de la Ferrage jusqu'au Pont Neuf sur la rive droite du Gapeau.

La surface des terres arrosables du canal de la Ferrage en 1843 est de quarante et un hectares et vingt ares.

L'Enclos, extrait du cadastre de Solliès-Pont.

Extrait du plan cadastral de Solliès-Pont du 31 juillet 1849.
(Archives départementales 83130.)

*Pieux et fascines ; du latin fascis, faisceaux, bottes, (utilisés par A. Bosc dans son rapport sur les cours d'eau en 1845) : pieux et fagots en français.

 

 

  Le hameau des Aiguiers et le
canal des Raynauds
et des Aiguiers

3-1
 

 

Un aiguier est une citerne creusée dans la roche, couverte d’une voûte et dotée d’un système de récupération d’eau. Ici, c’est le patronyme des premiers habitants du hameau (en 1566, il existe quatorze chefs de famille, dont six femmes et en 1432 dans une assemblée communautaire, quatre chefs de famille.)

La croix en bois de 1787, refaite en 1983, indique le long du chemin du Picarlet la limite entre Solliès-Pont et Solliès-Ville qui partage le territoire de Solliès le 19 germinal an VII.

La Saint-Pierre était la fête votive du quartier au début du XXe siècle avec manège et bal.

La surface des terres arrosables du canal en 2011 est de treize hectares, soixante-dix-neuf ares et cinquante centiares.

Solliès-Pont, quartiers Aiguiers et Raynauds.
1eaiguiers-et-raynaudsbs3
 
 

         Les fours à plâtre et à chaux
du quartier des Gavots

3-3

Dans la vallée du Gapeau – entre La Farlède, Solliès-Pont, et Méounes – se développe les terrains géologiques du Trias (–225 millions d'années à –195 millions d'années) constitués d’argiles rouges, gypse, dolomies, calcaires, conglomérats et grés. Les gisements de gypse ont constitué une richesse locale exploitable et exploitée, surtout en rive droite du Gapeau.

Au quartier des Gavots, desservi par le chemin des Fours à Chaux, nommé par confusion avec les fours à plâtre, on trouve encore, un des derniers vestiges de cette activité dans la vallée, où subsistent deux galeries horizontales d’extraction de gypse de 150 m. Cette exploitation a duré de 1815 à 1903.

Le plâtre est fabriqué à partir de gypse broyé que l'on va déshydrater par une cuisson à 150 °C ce qui retire une partie de l'eau. Il est utilisé pour la construction intérieure en briques et la fabrication de motifs décoratifs (gypseries).

Four à Chaux

Façade des deux fours à plâtre au quartier des Gavots, à Solliès-Toucas. (Propriété privée, photo de 2013.)

Souvenons-nous que le gypse est une roche d’évaporation ou évaporite, formée dans une lagune marine en climat tropical.
Au plus profond de la lagune se forme la calcite (CaCO3) carbonate de calcium, au-dessus, le gypse (CaSO4 2H2O) le sulfate de calcium, par-dessus se forme l’halite, (NaCl) le sel gemme ;  en surface se dépose la potasse, sylvite (KCl) chlorure de potassium.

Avec le temps et les intempéries, le gypse dissous par l’eau a pour effet d’augmenter en sulfate les eaux de source, cette dissolution entraîne par ailleurs des effondrements, voire des glissements de terrain.